=> Du 28 avril au 14 mai 2024
Fin avril, j’ai laissé mon vélo en sécurité à Windhoek pendant quelques jours avant de me rendre à l’aéroport. Mes parents sont venus de Paris pour me rendre visite et découvrir avec moi la Namibie lors d’un road trip de 16 jours. Au programme : exploration des déserts du Kalahari et du Namib, et rencontres avec la faune sauvage. Ce voyage promettait d’être grandiose, et il l’a été !
Problèmes mécaniques dans le désert du Kalahari !
Après des retrouvailles chaleureuses avec mes parents, nous avons pris la route vers le sud pour explorer les déserts emblématiques de la Namibie. Notre première étape : le Kalahari.
Le désert du Kalahari s’étend sur le Botswana, l’Afrique du Sud et la Namibie. C’est un désert à la fois aride et semi-aride, caractérisé par des paysages très variés. Malgré son climat rigoureux, il reçoit des précipitations tous les ans régulières, ce qui permet à une certaine faune et flore de se développer, notamment les emblématiques oryx et des springboks qui se sont adaptés à cet environnement sec, mais aussi des oiseaux, reptiles, amphibiens, et insectes de prospérer. Par ailleurs, si certaines parties du Kalahari sont très arides avec des dunes de sable rouge où presque rien ne pousse, d’autres sont couvertes de savane avec quelques arbres épars.
Il faut souvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres entre deux villages ou lodges, situés au cœur du désert. C’est la raison pour laquelle les agences de tourisme recommandent de toujours avoir dans son véhicule au moins un bidon de 5 litres d’eau pour faire face aux imprévus, ce que nous avons évidemment fait.
Je m’attendais à ce que ce voyage soit une parenthèse tranquille et confortable au cœur de mon long périple à vélo. En effet, c’était confortable, puisque nous nous déplacions de lodge en lodge, ce qui me changeait des nuits en hôtel ou en guesthouses bon marché. Mais je ne m’attendais pas à avoir plus de soucis mécaniques en voiture qu’à vélo !
En quittant Windhoek, nous avons décidé d’emprunter les pistes plutôt que la route goudronnée, espérant apercevoir quelques animaux emblématiques. Habituée à rouler à gauche depuis quelques mois sur mon fidèle Yolo, j’ai pris le volant avec assurance. Mais quand la voiture s’est mise à flotter, je n’ai pas immédiatement compris ce qu’il se passait. Je pensais que c’était un passage sablonneux. Ce n’est que quelques dizaines de mètres plus loin que j’ai réalisé le problème. Le pneu était déjà totalement déchiré. Qu’à cela ne tienne, le loueur nous avait montré la veille comment retirer la roue de secours de sous la voiture. Mais ce n’était pas si simple. Pour une raison qui m’interloque encore aujourd’hui, le cric, pourtant d’origine, était trop grand pour se glisser sous la voiture ! Il a donc fallu creuser un trou dans la piste pour réussir à le positionner. Je dois avouer que je ne me sentais pas vraiment à l’aise allongée sous la voiture, alors j’ai laissé mon père s’y glisser à ma place, honte à moi ! Mais malgré nos efforts communs, impossible de sortir la roue de secours de son emplacement. Nous avons alors eu la chance de voir une voiture se présenter sur la piste. Une dame du coin nous a proposé l’aide de ses deux employés qui, non sans difficulté, se sont gentiment attelés à changer notre roue.
Nous avons finalement pu reprendre la route en direction de notre lodge espérant que ce serait notre seul ennui mécanique des vacances. Mais la péripétie n’était pas terminée. Le lendemain matin, alors que nous nous apprêtions à poursuivre notre route après un superbe safari au lever du soleil dans la réserve privée du lodge, la voiture refusait de démarrer. La batterie était déchargée, pas de chance ! Heureusement, le personnel de l’hôtel nous a permis de démarrer le véhicule grâce à des câbles et nous avons pu rejoindre Mariental pour changer de pneu et de batterie, croisant les doigts pour que ce soient les seules mésaventures du voyage. Je me suis presque surprise à penser que, finalement, gérer mes problèmes techniques seule à vélo est plus facile !
Par chance, le reste du voyage s’est déroulé sans encombre. C’est ainsi que nous avons circulé à travers les pistes désertiques, admirant ces paysages arides et fascinants, avec des étendues sauvages à perte de vue. Une fois ces ennuis mécaniques réglés, la tranquillité absolue de cette région, où nous avons croisé très peu de véhicules, nous a offert une déconnexion totale.
À la découverte du désert du désert du Namib sous toutes ses dimensions
Nous avons ensuite mis le cap sur le désert du Namib, en direction de Sesriem. Tandis que ma mère est restée bien ancrée au sol, mon père et moi avons réalisé notre tout premier vol en montgolfière dans cet environnement incroyable. Il faut se lever très tôt pour profiter des couleurs du lever du soleil sur les dunes. Ce jour-là, trois ballons ont pris leur envol, ce qui nous a permis de faire de jolies photos. Et pour conclure l’expérience, quel bonheur, une fois posés, de prendre un luxueux petit-déjeuner au cœur du désert, en admirant un oryx marcher sur la crête de la dune en face !
Nous avons ensuite poursuivi notre exploration du désert du Namib avec son site emblématique de Sossusvlei. Ici, les dunes rouges se dressent majestueusement sur des dizaines de kilomètres, offrant un spectacle à couper le souffle. Même s’il s’agit d’un des sites touristiques les plus visités de Namibie, on parvient très facilement à s’isoler au pied d’une des dunes moins courues des touristes pour un moment de tranquillité dans un cadre magique. Les plus sportifs grimperont évidemment en haut des plus hautes dunes. Pour ma part, accompagnée de mes parents, je n’ai pas eu cette opportunité.
J’ai en revanche parcouru Deadvlei et cela m’a véritablement émerveillée. Il s’agit d’un ancien lac asséché, au pied de la célèbre dune Big Daddy, où les acacias morts se dressent fièrement sur un sol d’argile blanche, créant un contraste de couleurs saisissant. Je pense que les photos parlent d’elles-mêmes !
En route vers l’Océan Atlantique : Swakopmund et Walvis Bay
Après avoir sillonné les déserts, notre périple en famille nous a menés au bord de l’Océan Atlantique non sans avoir, au préalable, fait une halte pour découvrir la curieuse localité isolée de Solitaire. L’endroit, qui porte bien son nom, se résume à quelques bâtiments défraichis agrémentés de vieilles carcasses de voitures rouillées pour le plus grand plaisir des photographes amateurs ; et d’une boulangerie dont la fameuse tarte aux pommes se doit d’être testée.
La ville de Swakopmund est une oasis aux portes du désert. Quelle surprise, après avoir roulé à travers les dunes de sable désormais jaune, de voir les rouleaux s’écraser sur la plage ! La ville de Swakopmund a en effet été construite à partir de rien à l’époque coloniale par les Allemands qui avaient besoin d’un port maritime sur la côte atlantique. La station balnéaire a donc un style tout à fait déroutant avec ses maisons à colombages au cœur de l’Afrique australe !
Nous avons profité de cette étape pour découvrir l’histoire et la culture de cette région marquée par l’apartheid, à l’époque où la Namibie, qui n’a obtenu son indépendance qu’en 1990, était administrée par l’Afrique du Sud. Nous avons ainsi réalisé une visite du township de Swakopmund guidée par l’un de ses habitants. Le quartier de Mondesa, accolé à la ville, a été créé pendant l’apartheid, lorsque les populations noires étaient forcées de vivre dans des zones séparées des quartiers blancs. À l’époque, c’est la municipalité qui construisait les petites maisons et attribuait les terrains tout en séparant, même au sein de ce quartier, les populations en fonction de leur ethnie. Certaines avaient droit à des maisons plus grandes ou plus confortables que d’autres ! Aujourd’hui, le township, qui accueille toujours la quasi-totalité des populations noires de Swakopmund, s’est largement étendu en périphérie de la ville, accueillant des populations rurales venues chercher des opportunités de travail dans cette région minière. Et même si certains de ses habitants sont diplômés et ont aujourd’hui des emplois qualifiés, ce n’est pas le cas de tous et la pauvreté y reste poignante. Cette expérience enrichissante nous a permis de mieux comprendre le passé et donc le présent de la Namibie, dont les populations, noires et blanches, continuent encore aujourd’hui à vivre largement séparées.
À courte distance de Swakopmund se trouve la station balnéaire de Walvis Bay. Celle-ci a moins de cachet que la première, mais recèle de merveilleuses attractions touristiques. Entre les flamants roses qui se prélassent dans les marais salants, les otaries et pélicans que nous avons pu observer de près lors d’une sortie en bateau, et les dunes dorées de Sandwich Harbour qui plongent directement dans l’océan, la nature nous a offert un spectacle grandiose.
L’extraordinaire faune sauvage du Nord de la Namibie
Poursuivant notre itinéraire parfaitement planifié par notre agence de voyage locale, nous avons fait un arrêt à Twyfelfontein. Situé dans la région de Kunene, au nord-ouest de la Namibie, Twyfelfontein est un site archéologique renommé pour ses gravures rupestres et ses peintures, qui témoignent de l’histoire et de la culture des premiers habitants de la région. Le site abrite plus de 2 500 gravures rupestres vieilles de plus de 6 000 ans, ce qui en fait l’une des plus importantes concentrations de l’art rupestre en Afrique.
La région du Damaraland accueille également des éléphants du désert. Ce sont des éléphants d’Afrique qui se sont progressivement adaptés à leur environnement désertique. Ainsi, ils sont légèrement plus petits, ont des pieds plus larges, et sont surtout en mesure de boire et manger moins souvent que leurs homologues des savanes. L’espèce est gravement menacée, il ne reste malheureusement que quelques centaines d’individus. Nous avons eu la chance de pouvoir les observer, d’abord par surprise, alors qu’ils croisaient notre route en sortant du lodge ; puis dans le cadre d’une excursion incroyable nous permettant de suivre dans un premier temps un groupe de huit éléphants, puis un second groupe d’une quinzaine de pachydermes, dont un jeune de tout juste trois mois, et le tout dans un cadre incroyable !
Notre road trip familial nous a ensuite menés, après un détour par la majestueuse montagne du Spitzkoppe, vers le parc national d’Etosha. Sans conteste l’un des moments les plus mémorables de notre voyage en Namibie. J’ai déjà fait quelques safaris depuis le début de mon voyage à vélo en Afrique, notamment en Tanzanie, en Zambie et au Botswana, chaque fois avec un guide et dans un véhicule dédié. Systématiquement je me faisais la réflexion que sans guide, j’aurais vu beaucoup moins d’animaux. Je m’étais donc étonnée que notre agence nous recommande de parcourir le parc dans notre propre véhicule, mais plusieurs personnes connaissant l’endroit m’avaient confirmé qu’il n’était pas nécessaire de faire une excursion guidée pour profiter du parc. En effet, quelle surprise de parvenir voir autant d’animaux par nous-mêmes !
Pendant deux jours de safari, nous sommes partis à la recherche des nombreux animaux qu’abrite cet immense parc national. Pour cela, nous avions minutieusement préparé notre itinéraire sur la carte, de point d’eau en point d’eau. En effet, la région étant particulièrement sèche en dehors de la saison des pluies, les animaux doivent se rendre au moins une fois par jour auprès des points d’eau pour s’abreuver, ce qui en fait les meilleurs endroits pour les observer. Parcourir le parc en toute autonomie dans notre véhicule nous a permis de circuler à notre rythme, nous offrant des moments d’observation privilégiés, souvent seuls face aux animaux au bord des points d’eau. En effet, à ma grande surprise, le parc étant très vaste, nous n’étions pas du tout gênés par les autres touristes.
Nous avons ainsi eu la chance d’observer d’innombrables troupeaux d’antilopes que j’ai désormais la fierté de savoir différencier grâce aux enseignements de mes hôtes Kobus et Sonja lors de ma traversée du nord de la Namibie. Nous avons également croisé de très nombreux zèbres, des girafes, des familles d’éléphants, des rhinocéros noirs…
Parmi les rencontres les plus mémorables, celle avec les deux femelles éléphants protégeant leur éléphanteau que nous avons croisé sur une piste étroite alors que nous nous dirigions vers un point d’eau. Lorsque j’ai vu les trois pachydermes à quelques mètres de la voiture, je me suis arrêtée pour les laisser passer sans les effrayer. Ils se sont également arrêtés et nous ont observé de longues minutes. Mais la présence d’un très jeune éléphanteau les a amenés à choisir la sécurité et à rejoindre la brousse plutôt que de poursuivre sur la piste en s’approchant de notre véhicule. Quelle émotion !
Cependant, il faut admettre que sans guide, il y a certains animaux qui sont plus difficiles à repérer. C’est pourquoi je recommande de toujours s’arrêter lorsqu’on voit un regroupement de voitures stationnées et de demander à leurs passagers ce qu’ils ont repéré. C’est ainsi que nous avons eu la chance de voir un lion, une lionne ou encore un léopard.
La rencontre la plus fabuleuse que nous avons faite s’est produite grâce à un guide de safari, sollicité quelques instants plus tôt, qui nous a indiqué la présence de guépards un peu plus loin. Je l’ai donc suivi en appuyant un peu fort sur l’accélérateur pendant quelques kilomètres, espérant que le félin n’ait pas disparu. Nous nous sommes alors retrouvés face à une femelle guépard accompagnée de quatre bébés faisant la taille de chats. Ces derniers qui traversaient tranquillement la piste sans porter la moindre attention aux véhicules alentour !
Pour clore en beauté notre aventure, nous avons exploré le parc du Waterberg. Au-delà de l’observation de ce massif magnifique, nous espérions pouvoir finaliser l’observation des « big five » en croisant des buffles. Les big five ont été nommés ainsi par les chasseurs car ce sont les cinq animaux les plus agressifs d’Afrique. Il s’agit des lions, des éléphants, des léopards, des rhinocéros noirs et des buffles. Ces derniers, souvent délaissés par les touristes parce qu’ils ressemblent à de gros taureaux, sont en réalité très agressifs et très dangereux. Dans ce parc du Waterberg, nous avons non seulement eu la chance de voir des buffles en nombre, mais aussi d’observer une scène peu commune : des girafes se joignant aux buffles déjà présents sur un point d’eau. Les deux espèces se jaugeaient mais semblaient s’accepter.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et il était finalement temps de rejoindre la capitale namibienne pour y faire quelques achats de souvenirs. Ce voyage avec mes parents était une pause bienvenue dans mon périple à vélo. En deux semaines, nous avons parcouru plus de 3 700 km à travers des paysages incroyables. Jamais je n’aurais pu en parcourir autant et donc en voir autant à vélo. Les pistes cahoteuses et sableuses de la Namibie auraient rendu le trajet bien trop difficile et j’aurais dû probablement me contraindre à faire des choix.
Les voir partir de leur côté en restant seule sur place m’a mis un petit coup au moral. Mais au bout de 24 heures, mon enthousiasme est revenu et c’est avec beaucoup d’excitation que j’ai retrouvé Yolo pour continuer mon périple plein sud vers Cape Town en Afrique du Sud.