Un mois au nord de la Namibie à vélo : des aventures et des belles rencontres

En franchissant la frontière pour entrer en Namibie depuis le Botswana, j’ai sollicité un visa de trois mois. La Namibie était sans doute le pays de mon périple africain qui m’inspirait le plus. Disposant d’une généreuse marge de temps avant de quitter le continent, j’ai décidé d’en profiter pleinement. Plus particulièrement, j’ai choisi de m’aventurer dans le nord du pays, notamment pour y rencontrer les Himbas. Cependant, je ne m’attendais pas à ce que ce premier mois dans le pays soit aussi riche en belles rencontres et en aventures. Entre les pistes impraticables, les rencontres avec les Himbas, les menaces de vol de mes sacoches et la chasse au phacochère, ces quatre semaines ont été remplies d’émotions !

1640 km à vélo à travers le nord de la Namibie

Un accueil très chaleureux dès mes premiers jours en Namibie

Une fois les formalités douanières terminées, les fonctionnaires namibiens m’ont informée que je ne pouvais pas repartir à vélo. En effet, juste après le poste frontière se trouve le parc national de Bwabwata qu’il m’était interdit de traverser à vélo. Venant de traverser le Botswana avec ses éléphants et ses lions, j’étais tentée de négocier, considérant qu’en milieu de journée les animaux sauvages font la sieste à l’ombre. De plus, c’était un poste frontière très peu fréquenté et j’avais peur de devoir y passer l’après-midi. Mais quand les locaux m’ont dit avoir croisé la veille, près du poste frontière, une lionne et ses tous jeunes lionceaux, je me suis ravisée et me suis assise à l’ombre pour patienter. Une bonne heure plus tard, un pick-up s’est présenté et a accepté de m’emmener moyennant quelques dollars namibiens.

Coucher de soleil sur le fleuve Okavango

Dès lors que j’ai été autorisée à reprendre mon vélo, je me suis dirigée plein ouest, en longeant la frontière avec l’Angola le long du fleuve Okavango. Installée à Okacuito River Camp, j’ai rencontré Deon, le propriétaire, ainsi que Sonja et Kobus, venus lui rendre visite pendant le week-end. Nous avons partagé le dîner et quelques verres, et j’ai fini par me faire inviter dans la ferme de ces derniers, tandis que Deon, lui, décidait de prendre soin de moi et de me nourrir tout le temps de mon séjour. Quel accueil ! Ainsi, je suis restée quelques jours dans cet environnement magnifique en bord de rivière. J’ai tenté d’y pêcher le tiger fish sans succès, même en faisant une petite incursion « illégale » en territoire angolais ; j’ai admiré le coucher de soleil sur le fleuve, j’ai fait trempette parmi les hippopotames et les crocodiles ; je me suis fait offrir un nénuphar et j’ai pris le temps de mettre à jour mon blog et mes réseaux sociaux. J’aurais volontiers prolongé encore un peu mon séjour, mais je devais reprendre la route pour rejoindre le Kaokoland.

J’ai donc roulé, toujours plein ouest, pendant près de 900 km en direction de Ruacana. La route, aussi plate que celle du Botswana voisin, manquait d’intérêt et les journées de vélo étaient souvent longues,. Cette région étant moins touristique que la bande de Caprivi où j’ai commencé mon itinéraire namibien, il y avait donc souvent plus de 100 km à parcourir entre deux campings ou guest houses. J’ai néanmoins été de nouveau très bien accueillie à plusieurs reprises, me voyant même parfois offrir une nuit confortable en bungalow alors que je prévoyais de planter ma tente !

Les méandres du fleuve Okavango

En route vers le Kaokoland, territoire Himbas 

Le Kaokoland (ou Kaokoveld) est une région semi-désertique située dans le nord-ouest de la Namibie, réputée pour ses vastes paysages sauvages, ses montagnes escarpées et ses plaines arides. C’est aussi une région peuplée par divers groupes ethniques, dont les Himbas, un peuple semi-nomade, qui sont connus pour avoir conservé leur mode de vie traditionnel et leur culture. Les femmes notamment, sont reconnaissables par l’usage d’ocre rouge sur leur peau et leurs cheveux tressés avec des ornements en perles.

Femme himba avec son bébé vêtu d’une peau de bête

Habituellement, les cyclistes traversant l’Afrique australe ne visitent pas le nord de la Namibie, c’est pourquoi j’ai été très agréablement surprise de rencontrer Andreas, un cycliste belge, à Ruacana. Comme moi, il voulait rouler en direction d’Epupa Falls en longeant le fleuve Kunene, donc nous avons décidé de prendre la route ensemble le lendemain. Je savais que cette piste serait difficile, j’avais prévu 3 jours pour parcourir les 162 km jusqu’à la fameuse cascade. J’étais bien loin de la réalité !

Visite des chutes de Ruacana avant de prendre la route

Avant d’entamer notre périple, Andreas et moi avons pris la décision de participer à une visite organisée d’un village Himba. Regrettant de ne pas avoir visité un village Masaï en Tanzanie, j’ai voulu, cette fois-ci, faire au moins une excursion encadrée. Je pensais que cela pourrait aussi nous préparer à d’éventuelles interactions avec les Himbas à l’avenir.

Enfants du village himba à côté de Ruacana.

Cette visite m’a permis de plonger dans le fonctionnement de cette société patriarcale, de comprendre les rôles des femmes et des hommes, la hiérarchie sous la direction du chef. J’ai aussi découvert les rituels de passage tels que la circoncision des garçons vers 5 ans et l’arrachage des incisives inférieures des jeunes adultes pour faciliter l’élocution dans la langue Himba. J’ai également appris comment, une fois mariées, les femmes pratiquent leur hygiène sans utiliser d’eau, en préférant des fumigations à base d’écorces odorantes, suivies d’une application d’un mélange de terre ocre et de beurre sur le corps et les cheveux. Cette pratique leur confère une teinte de peau rougeâtre, les protégeant ainsi du soleil et des insectes.

Andreas, en route pour Epupa Falls

Je voulais de l’aventure, j’ai été servie !

Dès les premiers kilomètres, j’ai été confrontée à une montée incroyable. Même pousser mon vélo était extrêmement difficile tant la pente était raide. Par chance, un pick-up passait par là et m’a amenée en haut de la côte où Andreas, qui voyage plus léger, m’attendait.

Ça commence fort !

Mais ce n’était que le début de l’aventure. Il nous a ensuite fallu traverser une rivière avec les bagages et les vélos dans les bras, en évitant surtout de tomber à l’eau.

Andreas s’est occupé des vélos
Et moi des sacoches !

Puis, nous avons passé tout l’après-midi à affronter de petites montées bien raides, suivies de descentes parfois gravillonneuses et délicates, en alternant avec des passages de sable qui nous obligeaient à descendre du vélo pour le pousser. Mais heureusement, les paysages étaient incroyablement beaux.

Ça monte vraiment dur !
Mais les paysages sont incroyables !

Nous avons croisé quelques villages himbas dont les habitants semblaient surpris de nous voir. Notre vitesse moyenne était incroyablement lente, et mon état de fatigue m’a vite fait comprendre que nous n’atteindrions pas le camping où nous pensions passer la nuit. J’ai donc proposé à Andreas que nous demandions l’hospitalité au prochain village.

Famille himba rencontrée lors d’une de nos nombreuses pauses

C’est ainsi que nous avons passé une fin de journée avec 6 jeunes Himbas tout aussi curieux que nous de découvrir l’autre. Ils ne parlaient pas du tout anglais, mais nous avons réussi à communiquer tant bien que mal, et avons surtout pris beaucoup de selfies. Facebook et Instagram ont censuré certaines de mes photos pour cause de « nudité », alors je me fais plaisir ici !

Séance selfies !
La jeune femme qui s’était absentée quelques instants est revenue avec encore plus de bijoux !

Le lendemain, nous sommes partis assez tôt avec pour objectif de parcourir un peu plus de distance que la veille, où nous n’avions atteint que 30 km dans la journée… mais cette journée s’est avérée encore plus difficile ! Après hésitation, nous avons d’abord suivi la trace de notre GPS qui indiquait une « route principale », qui en réalité était l’ancienne route totalement impraticable.

Pas facile d’enjamber des troncs avec un vélo dans les bras

Nous nous sommes retrouvés empêtrés dans la boue, obligés d’enjamber des troncs d’arbres ou encore de traverser des clôtures. Cette supposée « main gravel road » était composée alternativement d’énormes cailloux ou de sable, nous permettant d’atteindre la vitesse moyenne de 8 km/h, sans compter les innombrables pauses ! Comme la veille, heureusement qu’Andreas était là pour m’aider, car je ne sais pas comment je m’en serais sortie sans lui !

Il y avait quand même quelques portions agréables !

Lors de notre pause déjeuner, j’ai dû faire le constat que c’était vraiment trop difficile pour moi et j’ai décidé, à contrecoeur, que dès qu’une voiture passerait, je lui demanderais de m’emmener. Cela permettrait aussi à Andreas de rouler à son propre rythme. Mais il m’a fallu attendre la fin de la journée pour qu’enfin une voiture passe et m’emmène ! J’ai donné rendez-vous à Andreas le lendemain à Epupa Falls, car il prévoyait de continuer à rouler autant que possible en fin de journée afin de rejoindre la destination en un jour supplémentaire.

C’est toujours pareil : plus il y a de relief plus les paysages sont beaux

Ceux qui m’avaient gentiment recommandé cette magnifique route en me disant « Ne t’inquiète pas, à vélo, ça passe » ne l’avaient évidemment pas pratiquée à vélo. Mais, je n’ai aucun regret. J’en ai bavé, mais c’était une expérience extraordinaire et sans conteste l’une des plus belles routes depuis le début de mon voyage !

L’aventure n’est pas finie !

Le chauffeur m’a déposée au croisement de la route allant d’Opuwo à Epupa Falls. Il partait vers la gauche tandis que je devais partir vers la droite. Il était déjà 17h et il m’a indiqué qu’il était préférable de ne pas continuer à vélo car la ville suivante, Okanguati, était située à une vingtaine de kilomètres, avec potentiellement une rivière à traverser. Selon lui, c’était une grande route et je trouverais sans problème une voiture pour me déposer le soir même à Okanguati. Puis, de là, je pourrais reprendre la route pour Epupa Falls le jour suivant. C’est ainsi que la deuxième partie de l’aventure a débuté…

Je me suis posée sur le bord de la route où patientaient de nombreux Himbas qui m’ont rapidement prise sous leur aile. Les femmes étaient très curieuses d’en savoir plus sur moi, mais comme elles ne parlaient pas anglais, ce sont les hommes qui faisaient la traduction. Finalement, les voitures étaient particulièrement rares sur cette route, et le nombre de passagers en attente très important. Certains rentraient dans leur village, tandis que d’autres se rendaient à des funérailles. Voyant la pluie arriver et la nuit tomber, les femmes m’ont proposé de passer la nuit avec elles pour reprendre la route ensemble le lendemain. J’aurais dû accepter, mais je dois admettre que l’idée de probablement devoir dormir par terre m’a un peu refroidie. 

On peut « lire la vie » des femmes himbas grace à leur parure : savoir si elles sont mariées, si elles ont des enfants…

J’ai donc pris place avec mon vélo dans la benne de la voiture suivante, après avoir décliné l’offre d’un passager à l’avant me proposant de m’asseoir sur ses genoux… Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Nous avons continué la route sous une pluie battante, abrités sous une bâche. La voiture roulait à une allure déraisonnable et j’étais terrifiée, ne sachant pas s’il valait mieux rester cachée sous la bâche sans rien voir ou regarder le paysage défiler à grande vitesse. Un peu plus loin, lors d’un arrêt, le passager en question, qui s’avèrait être le propriétaire de la voiture, m’a demandé 450 dollars namibiens pour la course de 25 km, soit 22 euros, alors que les autres passagers payaient 1 dollar par kilomètre. Je voulais bien payer un peu plus cher pour le vélo et les bagages, mais ce tarif était vraiment aberrant. J’aurais dû demander le prix avant de monter, ce n’est pas la première fois que je me fais avoir, mais ça s’est fait dans la précipitation. Alors que j’essayais de négocier l’homme a commencé à s’énerver. Les autres passagers étaient d’accord avec moi, ce tarif n’a aucun sens, mais n’en ont rien dit au propriétaire du véhicule. Quelques kilomètres plus loin, alors que la voiture était tombée en panne et qu’on patientait au bord de la route, il m’a de nouveau agressée en me réclamant 450 $ et en me demandant de « ne pas jouer avec lui », pour finir par me menacer de me prendre un de mes sacs. Je commençais à ressentir un peu d’angoisse, alors qu’il faisait nuit, que nous étions arrêtés au milieu de nulle part et que personne ne semblait prêt à m’aider. J’ai alors décidé de ne plus répondre et d’essayer de dormir pour passer le temps, n’ayant aucune information sur la nature de la panne ou sur une éventuelle voiture qui viendrait nous aider. 

Quatre heures plus tard, on m’a réveillée pour monter dans une autre voiture. J’ai tenté tant bien que mal de vérifier, malgré l’obscurité, que tous mes bagages ainsi que mon vélo étaient bien embarqués dans la benne. Arrivés à destination, même tarif et mêmes menaces de me voler mes affaires. J’ai finalement donné un billet de 200 $ et accroché mes sacoches sur mon vélo sur mon vélo. Le chauffeur me proposait de me déposer au camping. Mais j’étais la dernière passagère, il était 23h30, et je n’étais pas certaine de trouver quelqu’un sur place. Par mesure de sécurité, vu l’ambiance, j’ai préféré partir de mon côté et demander l’hospitalité au poste de police ! L’accueil y a été compréhensif et j’ai pu planter ma tente dans un endroit sécurisé et dormir sur mes deux oreilles après cette très longue journée chargée en émotions !

Deux heures de piste dans la benne du fourgon de police !

Le lendemain matin, alors que je repliais ma tente, j’ai demandé au policier qui venait de me saluer si j’allais facilement trouver une voiture pour Epupa Falls. Vu le nombre de véhicules que j’avais vu la veille, je me demandais si c’était vraiment une bonne idée de tenter d’y aller en stop, mais à vélo il y avait plus de 100 km à parcourir, sur de la piste. Il ne m’a pas vraiment répondu, mais 5 minutes plus tard, il est revenu vers moi en me disant qu’il allait lui-même à Epupa Falls et m’a demandé si le véhicule garé face au poste de police me convenait. Il s’agissait d’un fourgon de police. J’ai évidemment accepté l’offre, et l’instant suivant j’embarquais avec Yolo et mes sacoches à l’arrière du fourgon.

La route avait l’air magnifique, mais je ne pouvais l’apercevoir qu’à travers les grillages des mini-fenêtres. Assise sur un banc métallique, je m’accrochais comme je pouvais pour ne pas me cogner au plafond du fourgon à chaque soubresaut. J’ai ainsi passé deux heures à me faire balloter et à tenter d’observer et d’analyser la route. Nous n’avons croisé aucun village, ni même d’habitations isolées, et il semblait y avoir pas mal de dénivelé. J’en ai rapidement conclu que je ne ferai pas non plus le trajet inverse à vélo !

Les chutes d’Epupa falls

Arrivée à Epupa Falls, je me suis promenée dans le village et me suis rendue à la cascade en tentant de me faire discrète tandis que les locaux s’y lavaient. Puis je me suis rapidement mise en recherche d’un véhicule pour repartir le lendemain ou le surlendemain. La chance m’a de nouveau souri puisqu’ un touriste allemand du camping voisin avait prévu de repartir vers Opuwo le lendemain. On s’est alors assurés que Yolo, la roue avant démontée et le guidon tourné, rentrait dans son véhicule, et on s’est donné rendez-vous pour partir ensemble le lendemain matin. 

Crépuscule sur les bords de la rivière Kunene à Epupa

En fin de journée, j’ai attendu Andreas, espérant partager une bière avec lui, mais il ne s’est pas présenté. Il m’a finalement envoyé un message le lendemain soir, alors que j’avais déjà rejoint Opuwo en voiture, pour me dire qu’il était finalement arrivé à Epupa Falls. Heureusement que je n’ai pas continué la route avec lui, c’était encore plus difficile que la première partie. Il a fini lui aussi en voiture, avec une roue et un dérailleur cassés !

De retour sur l’asphalte !

J’ai repris la route à vélo depuis Opuwo, en direction du sud-est cette fois-ci, pour retrouver Sonja et Kobus qui m’avaient invitée à passer quelques jours dans leur ferme à Kombat. J’étais enchantée à l’idée de découvrir ce qu’était une ferme d’élevage bovin namibienne. De nouveau, cette portion de route n’était pas la plus belle, mais elle était facile ! Après une soixantaine de kilomètres sur piste, j’ai savouré le confort de l’asphalte, avec juste ce qu’il faut de dénivelé pour que ce ne soit pas ennuyeux. La densité de population dans cette région était plus élevée, ce qui m’a permis de trouver des hébergements tous les 70 à 90 kilomètre, des journées tranquilles !

Je ne suis pas sure qu’il puisse aller bien loin avec ce vélo sans pneu et sans chaine !

Les routes étaient souvent bordées par des réserves animalières ou par le fameux parc national d’Etosha, me permettant de voir régulièrement des animaux sauvages tels que des girafes, des zèbres, des phacochères, des autruches, une tortue ; mais aussi et surtout des antilopes de toutes sortes : springboks, impalas, kudus, waterbucks, antilopes des sables, oryx, nyalas… Il m’a fallu un peu de temps mais je commence à réussir à les différencier ! Malheureusement, ces animaux, tout comme les rennes en Norvège, sont plus craintifs quand ils voient des cyclistes que des voitures, et il est très difficile de les capturer en photo.

Un tortue, c’est ce qu’il y a de plus facile à photographier !

Trois jours à partager la vie de fermiers namibiens : ou comment j’ai découvert la chasse

À peine arrivée chez Sonja et Kobus, ils m’ont fait faire un tour de leur propriété. Ils ont 16 000 hectares de terres et environ 500 bêtes. On a donc roulé une vingtaine de kilomètres dans le bush ! L’occasion d’observer au passage de nouvelles antilopes telles que le steenbok ou le tout petit dik dik, qui mesure 50 à 70cm.

Le lendemain, mes hôtes avaient décidé de me faire découvrir la chasse. Nous sommes donc partis, après le petit déjeuner chez le plus proche voisin, Timo, dont la ferme se trouve en réalité à une bonne dizaine de kilomètres de là ! Timo et Kobus ont installé une cible et m’ont appris à me servir d’un fusil. Je n’avais jamais manipulé d’arme à feu et j’étais un peu hésitante. Mais il n’était pas question de refuser une telle expérience qui fait partie intégrante de la vie des Namibiens.

Après trois tirs sur la cible, ils ont considéré que j’étais prête, et nous sommes partis sur les terres de Timo, dans une jeep spécialement aménagée pour la chasse, à la recherche de mon premier animal. Mais il était déjà midi, et toute la faune se protégeait de la chaleur en se cachant à l’ombre dans le bush. Nous avons donc fait une pause et sommes repartis en fin de journée vers une zone dégagée et proche d’un point d’eau, où nous avons eu droit à de nombreuses rencontres. Kobus conduisait tandis que j’étais, avec son fils Byron, debout dans la benne du pick-up, à l’affût.

Concentration extrême…

Nous avons rapidement croisé des phacochères. Sur les conseils de Byron, je me suis positionnée en attendant qu’ils traversent le sentier et, contre toute attente, j’ai tiré sur la plus grosse bête sans hésiter. Malheureusement, je ne l’ai pas touchée directement en plein cœur ou dans la tête. L’animal a donc continué à courir quelques dizaines de mètres avant de s’effondrer. Nous l’avons alors traqué quelques dizaines de minutes en nous enfonçant loin dans un bush très dense et épineux, avant de le ramener dans le pick-up. Un peu gênée mais aussi un peu fière, j’ai dû prendre la pose à côté de l’animal, comme on me l’a demandé.

Je me suis pliée au jeu de la photo souvenir

Je sais bien que cette photo peut choquer. Certains feront le parallèle avec les chasseurs qui posent auprès d’un lion, d’un éléphant ou encore d’un léopard. Certains arguments plaident en faveur de ces trophées de chasse qui se monnayent très cher et contribuent ainsi, par l’argent récolté, à la préservation de la faune sauvage. Mais, sans vouloir trancher ce débat complexe, je précise qu’il s’agit dans ce cas de chasse sportive dont l’objectif est simplement de tuer une bête. L’expérience que j’ai vécue n’a rien à voir avec cela. Ici il s’agit d’animaux présents en très grand nombre, sur des terres privées, et qui vont surtout permettre de nourrir des personnes qui ne peuvent pas se payer de viande.

En effet, le lendemain en fin de journée, Kobus m’a proposé de retourner chasser. J’ai un peu hésité car la veille, après avoir tué le phacochère, j’ai également tiré sur un impala, une antilope de taille moyenne. Après une heure et demie de recherche, nous avons perdu sa trace et avons dû abandonner la bête blessée. Ça m’a vraiment attristée et je ne voulais surtout pas renouveler cette expérience. Voyant mon hésitation, Kobus m’a indiqué qu’il devait y aller de toute manière. Je me suis donc jointe à lui et ai tué un nouvel impala. Cette fois j’ai réussi à viser près du cœur et la bête s’est effondrée en quelques secondes. Nous l’avons chargée dans le pick-up et amenée immédiatement après à quelques personnes qui travaillaient sur les terres de la ferme. Kobus m’a expliqué qu’ils n’avaient mangé que de la farine de maïs toute la semaine. J’étais donc assez contente de ma prise, ça donnait vraiment tout son sens à l’action de chasse.

Braaï en bonne compagnie

C’est aussi avec Kobus et Sonja que j’ai pu expérimenter mon premier braaï. Il s’agit d’un barbecue en langue afrikaans. Une véritable institution en Namibie comme en Afrique du Sud. Une soirée très sympa lors de laquelle nous avons pu discuter justement de la pratique la chasse « de subsistance » mais aussi de l’intérêt des trophées de chasse.

C’est malheureusement le moment de se dire au-revoir !

C’est à regret que j’ai finalement quitté mes hôtes après trois jours merveilleux chez eux à découvrir leur culture, mais il me fallait rejoindre Windhoek pour y accueillir mes parents venant découvrir le reste de la Namibie avec moi.

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