Pédaler au cœur de la Zambie : à la découverte des merveilles naturelles et culturelles

C’est avec regret que j’ai quitté le Malawi, un pays pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur. Mais quand on voyage à vélo, l’idée c’est d’avancer. Même si l’on peut adapter son itinéraire et son planning l’objectif est quand aussi de pédaler ! J’ai donc quitté Lilongwe en direction de Chipata, une ville zambienne à la frontière avec le Malawi, avec pour objectif de rejoindre, quelques semaines plus tard, les fameuses Chutes Victoria, dans la ville de Livingstone, en faisant au préalable un petit détour pour faire un Safari dans le parc national le plus réputé du pays, South Luangwa. Mais je ne m’attendais pas à avoir l’occasion également d’assister une grande cérémonie traditionnelle au cours de mon voyage.

Mon itinéraire en Zambie de Chipata à Livingstone

De magnifiques safaris dans le parc national South Luangwa

Après deux jours de repos pour cause de petite baisse de régime, j’ai repris la route avec enthousiasme pour deux petites journées de vélo en direction du parc national de South Luangwa. Je savais qu’une amie rencontrée quelques semaines plus tôt au Malawi, Kenza, était sur place dans le cadre d’un volontariat pour une ONG animalière. Pour ma part, j’avais l’intention de faire des safaris pour observer un maximum de vie sauvage, mais aussi de me détendre au bord de la rivière Luangwa. J’ai donc décidé dès le premier jour de réserver deux safaris : un safari matinal, et un autre en fin de journée, qui se terminait de nuit. L’objectif était de pouvoir observer une faune diversifiée selon les heures de la journée. Après mes déceptions au Malawi, dans la réserve de Vwaza et dans le parc national de Liwonde, j’espérais vraiment revoir des animaux, notamment les plus grands et les plus majestueux d’entre eux !

Deux girafes au coucher du soleil

Je n’ai pas été déçue. Ces incroyables excursions m’ont offert des rencontres inoubliables avec des éléphants, des girafes, des zèbres, des buffles, des hyènes, des phacochères, des hippopotames et des crocodiles, sans oublier une multitude d’antilopes, des impalas aux koudous, en passant par les waterbucks.

Koudou femelle

Malheureusement, la saison des pluies rend plus difficile le repérage des lions, des léopards, ou encore des chiens sauvages, non seulement parce que les animaux se dispersent dans les immenses étendues du parc, car ils ne sont plus contraints de se rendre à la rivière pour boire, mais aussi parce que les herbes hautes les cachent. Pour autant, l’expérience reste magique au cœur de cette nature luxuriante, et ma passion pour la faune sauvage africaine ne faiblit pas. J’ai d’ailleurs décidé de m’offrir une troisième excursion dans le parc !

Au-delà du parc national, la région de South Luangwa, et spécifiquement le Wild Life camp où j’ai planté ma tente, était particulièrement agréable. Au bord de la rivière, la vue et les couchers de soleil étaient magnifiques, surtout quand on peut les observer avec une petite bière, dans la piscine et en bonne compagnie. En effet, si j’apprécie le voyage solo, je ne rechigne jamais à passer quelques jours en bonne compagnie. Ce que j’ai fait ici avec Kenza notamment, mais aussi avec les babouins et les impalas très nombreux dans le camp, ou encore un crocodile à quelques mètres en contrebas de ma tente !

Éléphants protégeant leurs petits

En route vers Lusaka : un itinéraire pas si facile !

Pour rejoindre Lusaka, la capitale zambienne, il me fallait repasser par Chipata. J’ai donc décidé de retourner dans la guest house où je m’étais arrêtée lors de mon premier passage dans la ville. À cette occasion, Fred, le gérant, m’a parlé d’une grande cérémonie traditionnelle de l’ethnie Ngoni qui se tiendrait à Chipata à la fin du mois de février, soit 2 semaines plus tard. J’ai donc pris la décision de revenir une troisième fois pour cette occasion, mais de me rendre d’abord à Lusaka à vélo puis de laisser Yolo sur place pour revenir en bus.

Une jolie route, bien large, au bitume refait à neuf !

De Chipata à Lusaka, il y a près de 600 km. J’avais entendu dire que la route n’avait pas grand intérêt et qu’elle était dangereuse en raison du nombre important de camions qui y circulent. Mais Fred, le gérant de ma guest house, m’a, lui, indiqué que le début de la route serait agréable, et qu’après 350 km, elle deviendrait mauvaise et étroite. Comme j’avais envie de découvrir la Zambie à vélo et non en bus, j’ai donc opté pour commencer à vélo et improviser ensuite au jour le jour. Et je ne l’ai pas regretté, j’ai ainsi pu admirer de très jolis paysages ainsi que de nombreux petits villages de maisons traditionnelles qui jalonnent la route.

Les habitations traditionnelles jalonnent la route de Chipata à Lusaka

Malheureusement, j’ai aussi pu constater les ravages d’une saison des pluies durant laquelle il ne pleut pas. Alors que j’apprécie de ne pas avoir de pluie lorsque je roule, même si je souffre parfois de la chaleur, il en est tout autrement pour les paysans dont la récolte de maïs va se réduire à peau de chagrin cette année.

Etal en bord de route pour se ravitailler
On peut aussi acheter du charbon pour cuisiner, ou encore des poulets vivants !

J’ai donc roulé jusqu’à Luangwa Bridge, mais ma quatrième journée a été très difficile. Ce jour-là pourtant, je n’ai parcouru que 63 km, alors que la veille j’en avais parcouru 110, et il n’y avait pas particulièrement de dénivelé. Je n’ai pas vraiment compris et sur le coup ça m’a un peu abattue. En effet, parfois, voyager à vélo en solitaire à travers l’Afrique peut être incroyablement difficile. La chaleur, le terrain difficile, l’alimentation déséquilibrée… cela peut vraiment peser sur le moral. Certains jours, je me sens au sommet du monde, capable de tout, mais d’autres jours, je me sens presque nulle. Je me demande pourquoi les mêmes défis peuvent sembler insurmontables à certains moments et gérables à d’autres. Je suis de nombreux autres voyageurs à vélo sur les réseaux sociaux, c’est inspirant. Cependant, par moments, je me surprends à comparer mon propre voyage au leur, et cela peut être démotivant. Tout semble si parfait pour eux, si facile. Alors que la réalité c’est que parfois c’est difficile ! Parfois, je me sens « nulle », je doute de mes capacités à affronter la suite. Mais je sais que c’est normal de ressentir ça de temps à autres. Chaque voyageur a ses hauts et ses bas, et ceux que je suis sur les réseaux sociaux aussi !

Parfois, c’est dur…
… mais la plupart du temps c’est vraiment sympa !

J’ai donc décidé de poursuivre ma route en camion-stop jusqu’à Lusaka où j’allais me reposer une semaine avant de revenir à Chipata. Prenant le temps de réfléchir à cette journée si difficile, et après en avoir discuté, je me suis rendue compte que c’était très probablement parce que je m’étais mal alimentée et mal hydratée. Alors qu’au Malawi il y avait fréquemment de petits villages très fréquents au bord des routes où je pouvais acheter de quoi déjeuner, ou encore acheter des beignets et des sodas, sur cette route zambienne, peu de villages et encore moins d’échoppes pour acheter de quoi se sustenter et s’hydrater. Ce jour-là, je n’ai pas trouvé de restaurant pour me servir un petit-déjeuner et je me suis préparé du porridge mais pas assez. J’avais prévu d’acheter des bananes pour compléter ce petit déjeuner et pour la route. Mais on m’a fait un prix de « Mzungu » (touriste), alors je n’en ai acheté que 2 petites au lieu des 4 prévues initialement. Puis, à l’heure de la pause déjeuner, je n’ai trouvé que des paquets de gâteaux secs et un soda dans un minuscule village. Ça ne pouvait évidemment pas suffire à me recharger en énergie, même pour parcourir « uniquement » 63 km, alors que le thermomètre affichait 35 degrés. Par ailleurs, lorsque j’ai fait mon retour en bus de Chipata, je suis repassée par cette même route. Et si le dénivelé total n’était pas énorme, les côtes étaient courtes mais bien raides, et c’est, je trouve, bien plus difficile qu’une longue montée régulière.

Et les enfants sont toujours là pour me soutenir !

Depuis lors, j’ai bien entendu retrouvé le moral, ma confiance en moi et ma combativité. Globalement, les journées agréables, faute d’être faciles, sont tellement plus nombreuses que les journées vraiment difficiles… Je suis reconnaissante pour chaque instant de bonheur que ce voyage m’apporte, et je suis impatiente de voir ce que l’avenir me réserve sur la route.

Du réconfort en arrivant à Lusaka, ça faisait 4 mois que je n’avais pas mangé de « vrai » fromage!

La cérémonie traditionnelle N’Cwala à Chipata

Pendant trois jours, j’ai plongé au cœur de la culture et de la spiritualité de cette communauté. J’ai pu observer de nombreuses danses traditionnelles et admirer les tenues faites de peaux de bêtes. Cette cérémonie va bien au-delà de l’aspect culturel, elle revêt aussi une profonde signification spirituelle. Les rituels et les offrandes à Chiuta expriment la gratitude pour les bienfaits de la pluie et de la fertilité, indispensables à la prospérité des récoltes et à la survie des communautés agricoles.

Danseurs Ngoni venue saluer le grand chef

La N’cwala Ceremony témoigne de l’héritage riche et diversifié des peuples Ngoni. Chaque danse, chaque chant et chaque geste sont ancrés dans l’histoire ancestrale de la communauté, transmettant des traditions précieuses de génération en génération. Malgré son caractère traditionnel, la cérémonie intègre des éléments modernes avec la présence de dignitaires politiques et de représentants gouvernementaux, soulignant ainsi son importance dans la société zambienne contemporaine. Cet événement rassemble d’ailleurs les peuples Ngoni de différentes régions de Zambie et de pays voisins comme l’Afrique du Sud, le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, illustrant ainsi la solidarité régionale qui transcende les frontières politiques.

Danseuse Ngoni

Le premier jour, je me suis rendue au palais du grand chef où des danseurs en tenues traditionnelles ont animé la cérémonie. Le « Paramount chief » est ensuite apparu et a été salué comme une star avant de défiler en ville, suivi par une foule impressionnante. J’ai profité d’être sur place pour visiter le musée Ngoni qui m’a permis d’en apprendre plus sur cette ethnie et ses traditions.

Danses Ngoni

Le deuxième jour, j’ai assisté à de nombreuses danses de troupes venues de tout le pays et des pays environnants, tandis que le grand chef était en audience.

Danses Ngoni

Le troisième jour, était supposé être « le grand jour » avec la présence des officiels. Sans ticket, comme les deux jours précédents, j’ai néanmoins pu rentrer dans la zone des officiels avec un peu d’assurance ou de bagou ! Cependant, cette dernière journée a été longue et moins captivante que les précédentes selon moi, car ponctuée de nombreux discours et installée plus loin pour observer le spectacle.

Selfie souvenir !

Après 10 heures de bus, j’étais de retour à Lusaka où j’ai pris le temps d’acheter des snacks et des sachets d’électrolytes pour m’alimenter et m’hydrater au mieux lors des 5 longues journées de vélo qui m’attendaient pour rejoindre Livingstone.

De retour en selle pour traverser la seconde moitié de la Zambie

C’est donc après 2 semaines presque sans rouler que je suis remontée en selle, en forme et motivée pour rejoindre Livingstone, la « capitale touristique » du pays, d’où l’on peut admirer les fameuses Chutes Victoria. Un peu moins de 500 km que j’avais prévu de parcourir en 5 jours. La route était moins belle qu’entre Chipata et Lusaka, mais plus plate et plus facile. Progressivement, les paysages ont changé. Très peu de villages, parfois plus de 50 kilomètres entre deux petites villes, il me fallait donc bien anticiper mon itinéraire pour ne pas me retrouver au milieu de nulle part à la nuit tombée, car contrairement à ce que je privilégiais en Europe, ici je ne fais pas de camping sauvage. Mais je prenais plaisir à rouler, souvent plus de 100 km dans la journée, donc je ne suis pas si nulle !

Maison traditionnelle en terre et toit de paille

Après trois jours de vélo, je m’étais lancée le défi de demander à visiter un village traditionnel si j’en voyais un. Je savais que sinon je risquais de ne plus en avoir l’occasion et de le regretter comme c’était le cas en Tanzanie avec les villages Massaïs.

Un très joli village traditionnel

Je me suis donc arrêtée devant le premier village que j’ai vu et ai très vite été accueillie par des enfants qui savaient juste dire « good morning ». Puis des adultes se sont joint à eux, mais n’étaient pas plus à l’aise en anglais. Et finalement un adolescent est arrivé. Il a compris ma demande et m’a fait faire le tour du village, suivie de près par tous les enfants très excités par ma venue ! Je suis bien tombée, c’était un grand village avec de nombreuses habitations traditionnelles en terre cuite et quelques unes en briques plus communes. Le village était très bien entretenu, la latérite balayée, pas de déchets, c’était très sympa. Les enfants étaient amusés par ma présence, surtout en me voyant prendre les toilettes en photos !

Visite en groupe !
Elles sont pourtant bien mignonnes ces toilettes !

Avant de partir, j’ai glissé un petit billet à mon guide improvisé et ai repris ma route contente de mon expérience et d’avoir osé demander, d’autant plus que je pense qu’ils étaient tous aussi contents que moi !

Tout le monde s’est réuni pour me dire au revoir !

Les grandioses chutes Victoria

Arrivée à Livingstone, avant toute chose, je me suis offert un massage particulièrement bienvenu après ces 5 longues journées de vélo ! Ensuite, mon objectif était de visiter les chutes Victoria côté zambien avant de traverser la frontière pour les visiter du côté du Zimbabwe. La visite côté Zimbabwe est réputée plus jolie que du côté zambien. Je voulais vérifier cela !

Un rideau d’eau impressionnant côté Zambie

Je me suis donc rendue, à vélo bien entendu, au parc des Chutes Victoria côté zambien, qui se trouve à une petite dizaine de kilomètres de la ville. de Livingstone J’ai parcouru méticuleusement chacun des sentiers en commençant par les plus éloignés des chutes, pour m’en rapprocher progressivement, faisant une petite incursion en bas des chutes avant de remonter pour les admirer de face et me faire arroser par la bruine générée par la quantité d’eau déversée ; puis finalement les surplomber. J’ai trouvé le site très beau et très agréable, et il n’y avait pas trop de monde. J’ai été impressionnée par le volume d’eau qui se jette dans les chutes chaque seconde. Et pourtant, la saison des pluies a été sèche, le niveau du Zambèze est bien plus bas qu’habituellement à la même période comme me l’ont confirmé des locaux.

Les arcs en ciels créés par les gouttelettes en suspension sont magnifiques !

Le lendemain, j’ai traversé la frontière à vélo, passant sur le fameux pont au-dessus du Zambèze, sans oublier d’admirer les chutes évidemment.

La plus belle des frontières que j’ai traversées depuis le début de mon voyage

La visite des chutes côté Zimbabwe m’a également enchantée. En effet, on peut voir l’intégralité du rideau d’eau, ce qui est impressionnant. Mais il n’y a qu’un seul sentier qui longe le site, et beaucoup plus de touristes qui le parcourent, alors même que je m’y suis rendue assez tôt. De là, les projections d’eau sont encore plus importantes, parfois on a l’impression qu’il pleut des cordes alors que le ciel est tout bleu. La plupart des touristes se protègent d’ailleurs avec une cape de pluie. N’ayant peur de rien, et surement pas de quelques gouttes d’eau, j’ai juste choisi de protéger mes affaires avec un sac étanche ! Finalement, même si la vue est plus impressionnante côté Zimbabwe, j’ai préféré ma promenade côté Zambie.

Le débit des chutes est vraiment incroyable, et le bruit généré presque assourdissant !
Il ne faut pas avoir peur de se mouiller, j’ai fini trempée jusqu’aux os !
Un bébé macaque bien curieux de mon objectif dans le parc des Chutes Victoria !

Pour clore cette étape en beauté, je me suis également offert une croisière au coucher du soleil sur le Zambèze. Je m’attendais à prendre l’apéritif sur l’eau dans un joli cadre, je ne savais pas qu’il s’agissait en réalité d’une « croisière-safari ». Très belle surprise, nous avons ainsi pu observer de nombreux éléphants, un énorme troupeau de buffles, quelques impalas mais aussi, évidemment, des hippopotames et des crocodiles. Et décidément je ne m’en lasse pas !

Les éléphants sont de très bons nageurs et peuvent rejoindre les iles du Zambeze depuis le parc national du Zambeze
Troupeau de buffles impressionnant
Coucher de soleil sur le Zambeze

Laisser un commentaire