15 premiers jours au Malawi : entre vélo, découvertes et farniente au bord du lac

Je suis arrivée au Malawi sans rien connaître sur ce pays, sauf que sa géographie m’amènerait inévitablement à longer à vélo le lac qui porte son nom et qui lui sert de frontière côté est. Quelle merveilleuse découverte ! Ce lac est incroyable et cela tombait à point nommé pour faire une pause au moment des fêtes.

Mon itinéraire de la frontière tanzanienne jusqu’à Likoma

Le Malawi, un tout petit pays très prisé des cyclotouristes  

Le Malawi est un petit pays de l’Afrique australe qui compte environ 19 millions d’habitants issus de nombreuses ethnies différentes. Ses habitants sont très chaleureux et accueillants. La diversité des cultes religieux y est importante et il n’est d’ailleurs pas rare de voir une mosquée et une ou deux sses dans un même petit village. 

Bateaux de pêcheurs au bord du lac Malawi

La particularité du pays réside principalement dans son lac. S’étendant sur une grande partie du territoire, il revêt une importance cruciale pour le Malawi, tant sur le plan des ressources en eau, de la pêche, que du transport de marchandises et de personnes. Il constitue aussi une attraction touristique majeure. En effet, le lac Malawi, un des plus grands lacs d’eau douce d’Afrique, est bordé de plages qui offrent un cadre magnifique pour les touristes en recherche d’un peu de farniente au cours de leur périple africain. C’est donc un endroit particulièrement apprécié des cyclotouristes !

Une entrée au Malawi quelque peu déroutante

Après avoir passé le poste frontière validant ma sortie du territoire tanzanien, mon entrée au Malawi a été pour le moins surprenante. Probablement un peu trop confiante à force de constater qu’en voyage, tout s’arrange toujours, je n’avais pas pris le soin d’imprimer mon e-visa, malgré les recommandations du site du gouvernement malawite. La douanière qui m’a accueillie coté malawite m’a indiqué qu’il me fallait cette impression et que je pouvais traverser le grillage et rentrer dans le village mitoyen au poste frontière pour y trouver un magasin en vue d’imprimer mon document. Je suis donc entrée au Malawi clandestinement sur le conseil de la douane ! Et comme il n’y avait pas d’électricité cet après-midi-là, on m’a ensuite ensuite recommandé de retourner en Tanzanie pour trouver un magasin avec de l’électricité, alors que je venais de quitter officiellement le pays ! J’ai fini par réussir à convaincre la douanière de me tamponner mon passeport sans ce document imprimé, tout s’arrange toujours !

Alors qu’on discutait, cette même douanière m’a demandé la signification de mon prénom, Audrey. Je lui ai répondu qu’à ma connaissance ça n’avait pas de signification particulière. Elle s’est alors offusquée que mes parents aient pu me donner un prénom qui ne signifiait rien ! Après enquête sur le web, il apparaît que ce prénom est basé sur des mots de vieil anglais signifiant « noble » et « puissance ». Je saurai l’expliquer à l’avenir si on me le demande de nouveau.

Premiers jours au Malawi fatigants malgré de nombreuses rencontres et de belles découvertes 

Après être finalement entrée officiellement au Malawi, j’ai poursuivi ma route une quinzaine de kilomètres en amont de Karonga où j’avais rendez-vous avec Rémi, un cyclo-voyageur français qui voyageait en sens inverse, depuis la Namibie vers le Kenya. Nous avons fait connaissance grâce à un groupe Whatsapp de cyclistes voyageant sur la route Le Caire – Le Cap. Ce groupe est une ressource incroyable car, au-delà de permettre des rencontres entre cyclos, il permet surtout d’obtenir des réponses aux nombreuses interrogations qu’on se pose et de trouver des solutions aux éventuelles difficultés auxquelles on fait face. Nous avons donc partagé, avec Rémi, nos expériences de voyage respectives autour d’une bière dans une guest house assez minable, la seule du village. Il n’y a souvent qu’un seul établissement par village, il faut donc faire avec. J’avais fréquenté quelques guest houses assez douteuses en Tanzanie, mais celle-ci battait tous les records tant sur le plan de sa fréquentation que de son hygiène ! Remi m’a indiqué, à cette occasion, qu’en descendant vers le sud, j’aurai toujours le vent dans le dos, et que le Malawi était un pays très plat. Je me suis aperçue dans les jours suivants qu’on n’avait pas la même notion du plat, ni même du sens du vent dominant ! 

Maisons traditionnelles en briques

En effet, mes premiers jours au Malawi ont été plutôt difficiles : entre la chaleur étouffante, le soleil qui m’imposait de me couvrir les bras et les jambes, et le vent de face, je peinais à rouler plus de 60 km par jour. Trois jours après mon arrivée dans le pays, j’ai croisé un cyclo allemand, Uwe, qui était sur les routes depuis déjà deux ans. Il m’a expliqué que, d’après son expérience, j’avais besoin d’un break un peu plus long que mes habituels 2 à 4 jours de pause. En effet, mise à part une semaine de pause à Varsovie pour soigner mes côtes, je n’ai pas fait tant de pauses que cela depuis mon départ de Paris en avril 2023. Et la plupart du temps lorsque je m’arrête quelques jours, je gère mon administratif, mon projet d’itinéraire, toute la logistique liée au voyage et le cas échéant je visite les lieux. Ce n’est donc pas vraiment du repos. Noël approchant, j’ai décidé de profiter de la proximité du lac Malawi et de ses stations balnéaires pour m’organiser de vraies vacances. 

La réserve de Vwaza : pas d’éléphants mais des hippopotames et des babouins chapardeurs

Avant cela, j’ai fait un petit détour par la réserve de Wvaza où j’espérais pouvoir voir des éléphants lors d’un safari à pied. J’ai rejoint l’endroit en profitant d’un étrange camion semi-remorque aménagé comme un bus transportant des touristes Kenyans en voyage à travers l’Afrique australe. Au-delà de l’intérêt de la rencontre avec ces jeunes Kenyans, cela m’a épargné 2000 mètres de dénivelé en 60 km avec des portions inclinées à plus de 20%, et sur une route totalement défoncée. Décidément non, le Malawi n’est pas plat. Si les bords du lac le sont, dès qu’on s’en éloigne, et on n’a souvent pas le choix, il faut traverser une barrière de montagnes. 

Repos face au lac dans la réserve de Vwaza

La réserve de Vwaza est un endroit magnifique, avec quelques chalets vétustes posés au bord d’un lac où se prélassent hippopotames et crocodiles. J’ai rencontré sur place Kenza, une jeune française en vadrouille en Afrique australe avec son sac à dos. Elle revenait d’un safari à pied lors duquel elle avait eu la chance de voir, en plus des hippopotames et de nombreuses antilopes, une éléphante et son éléphanteau. Malheureusement, le lendemain matin, malgré un réveil aux aurores et la recherche attentive du ranger qui nous accompagnait, nous n’avons pas revu d’éléphant. La saison des pluies ayant débuté depuis une semaine, les pachydermes s’étaient dispersés dans la réserve car ils n’étaient plus contraints de se regrouper autour du lac pour boire. J’ai cependant beaucoup apprécié l’endroit, magnifique et très calme, et j’ai décidé d’y rester une nuit supplémentaire le temps d’organiser mes futures « vacances ».

La cigogne n’a apparemment aucune conscience de la proximité du crocodile

Posée tranquillement sous un préau à regarder le lac, j’étais parfois interrompue par l’un des nombreux babouins de la réserve qui décidait de s’approcher pour voir s’il n’y avait pas quelque chose à chiper. Tandis que Kenza se reposait dans son chalet, j’essayais alors de rassembler tout ce qui se trouvait autour pour éviter qu’il ne vole quoi que ce soit, tout en tentant de l’effaroucher sans succès. Les babouins sont des singes très gros et pas vraiment peureux. Il semble qu’ils soient d’ailleurs moins craintifs envers les femmes qu’envers les hommes. C’est alors que j’avais les bras chargés de toute l’électronique qui se trouvait sur la table et que je tentais d’appeler Kenza pour qu’elle vienne m’aider, que le singe s’est approché et s’est saisi d’une mangue que nous avions malencontreusement laissée traîner. Content de lui, il s’est éloigné d’à peine quelques mètres, et s’est mis à la manger en nous narguant !

Babouin dégustant la mangue qu’il vient de nous chiper !
Les hippopotames semblent balourds, mais s’avèrent très dangereux : mieux vaut rester à distance, surtout quand ils ont des petits

Depuis Vwaza, j’ai « triché » de nouveau en mettant mon vélo sur le toit d’un taxi pour m’épargner 30 km de piste défoncée et détrempée. En Tanzanie il y avait pas mal de minibus ou petits camions bennes dédiés aux transports de personnes, qui pouvaient facilement m’accueillir avec mon vélo et mes bagages au besoin. Au Malawi, sur le bord de la route, il suffit d’agiter son bras de haut en bas à l’approche de n’importe quel véhicule pour indiquer au chauffeur qu’on souhaite qu’il s’arrête, puis de lui payer la course, que ce soit un taxi collectif ou non. Les taxis collectifs malawites sont essentiellement des voitures, appelés « matolas » ou « Cienta », du nom du petit modèle Toyota. Le stop gratuit, comme dans beaucoup de pays en développement, n’existe presque pas. Pour autant, alors qu’il serait très difficile en Europe de trouver un véhicule qui puisse me transporter, moi, mon vélo et mes bagages, ici, rien de plus facile. Même sur une petite Cienta, on peut mettre Yolo sur le toit sans galerie, les bagages dans le coffre, et huit personnes à l’intérieur : quatre à l’avant, et quatre à l’arrière. Un peu dubitative, j’ai pu constater que la voiture roulait sans trop de difficulté sur de la piste défoncée malgré une roue de secours « galette ». Pourquoi pas, après tout ? En Afrique, tout est possible !

8 personnes, 1 vélo et des bagages… ça passe facile !

Retrouver le plaisir de manger grâce au marché de Nkhata Bay

Depuis la Réserve de Vwaza, j’ai rejoint Nkhata Bay, station balnéaire au bord du lac cotée chez les backpackers. J’y ai trouvé un hébergement surplombant le lac et proche du centre-ville très agréable. J’ai profité de mes 3 jours sur place pour me faire à manger. En effet, depuis que je suis arrivée en Tanzanie, j’ai délaissé ma popote et mon réchaud au profit des petits restaurants de rue dans lesquels je pouvais manger pour un ou deux euros. Mais à force, j’ai fini par me lasser du riz accompagné de haricots rouges et des omelettes aux frites pas assez cuites. Et il est impossible de commander des légumes dans ces petites échoppes qui proposent souvent un menu unique. Il m’est ainsi arrivé de manger quatre fois d’affilé le même plat de riz aux haricots rouges, c’est franchement lassant en plus d’être peu goûteux.

Poissons séchés au marché de Nkhata Bay

Au Malawi, ces petits restaurants sont beaucoup moins fréquents, et la chaleur ajoutée à la fatigue m’empêchait de venir à bout d’un plat chaud à l’heure du déjeuner. Je me suis donc mise à acheter des tomates et des oignons vendus partout au bord des routes, et lorsque j’étais chanceuse, je prenais aussi des poivrons, pour me faire des salades sur le pouce, à l’ombre d’un arbre. C’est ainsi que, moi qui n’ai jamais apprécié de cuisiner, j’ai pris à goût à aller faire un tour de marché de Nkhata bay et marchander mes fruits et légumes pour me préparer à ce que j’avais vraiment envie de manger, au lieu de commander ce qui était disponible.

Joueurs de Bao à Nkhata Bay

Prendre l’Ilala boat, une expérience à ne pas rater au Malawi

Depuis Nkhata Bay, j’ai organisé mon excursion vers l’île de Likoma. Cette île, enclavée dans les eaux mozambicaines de l’autre côté du lac, fait pourtant partie du Malawi. Réputée pour ses plages paradisiaques, c’était évidemment la destination qu’il me fallait pour me reposer. Pour s’y rendre, il y a plusieurs options : le petit avion réservé aux voyageurs à gros budget, le bateau rapide, mais qui ne transporte que 10 passagers par jour et qui était déjà plein, ou bien l’Ilala boat, un ferry hors d’âge qui monte puis descend le long du lac Malawi toutes les semaines, en desservant une dizaine de ports dont l’île de Likoma. C’est un moyen de transport très apprécié des Malawites car très bon marché. Et même si les trajets semblent très longs, les transports terrestres sont peu nombreux donc parfois aussi longs, mais surtout plus chers. Le trajet entre Nkhata Bay et Likoma dure 7h30 et se déroule de nuit. Ayant tenté de réserver une cabine sans succès, j’ai opté pour un billet sur le pont supérieur, la « première classe ». On m’avait dit que prendre l’Ilala était une expérience à ne pas rater, je le confirme !

Arrivée de I’Ilala boat à Nkhata Bay

Arrivée un peu en avance, j’ai suivi les conseils donnés par d’autres cyclo-voyageurs sur le groupe Whatsapp et j’ai trouvé un petit coin pour poser ma tente. Cela me permettrait de m’abriter de la pluie le cas échéant, et d’avoir un peu d’intimité. Au moment du départ, le nombre de voyageurs sur le pont supérieur avait considérablement augmenté et j’étais un peu gênée de prendre de la place avec ma tente. Mais cela ne semblait pas perturber les autres passagers allongés à même le deck dont il manquait de nombreuses lattes. Et je dois dire que j’étais bien contente de ne pas avoir à dormir avec le pied nu de mon voisin à deux centimètres de mon visage. On n’a pas tout à fait la même notion de l’espace personnel.

Ma tente posée à l’arrière du pont supérieur

L’Ilala a mouillé dans la baie de Likoma vers 4 heures du matin permettant aux passagers de débarquer dans un petit canot en bois faute de jetée pour accoster. Je préfère ne pas entrer en détail sur les mesures de sécurité et le nombre de passagers par canot… Une fois fois arrivée sur la plage, j’ai lâchement accepté l’offre de service d’un jeune homme qui s’était levé aux aurores pour gagner quelques kwacha en aidant les voyageurs à débarquer. Il a d’abord pris mon sac, puis j’ai grimpé sur son dos pour ne pas me mouiller alors qu’il avait de l’eau jusqu’à mi-cuisse ! 15 minutes de moto-taxi plus tard, je terminais ma nuit dans un sofa au bord de l’eau, dans un cadre de rêve.

Débarquement au petit matin dans la baie de Likoma

Likoma : quatre jours de rêve sur une plage paradisiaque au bord du Lac Malawi

N’ayant pas anticipé ma réservation, j’ai malgré tout eu la chance de trouver un chalet disponible entre Noël et le Nouvel An au Mango Drift, hébergement rustique et bon marché bien que situé dans un cadre incroyable. Mon petit chalet situé sur la plage, à 20 mètres de l’eau, me permettait de m’endormir avec le bruit des vagues comme si j’étais au bord de la mer.

Vue sur le lac depuis mon chalet sur la plage

C’est à Likoma, petite île de 9000 habitants, que se trouve, étonnamment, la plus grande ese catholique du pays, la Cathédrale Saint-Pierre, construite en 1905 par la mission écossaise. Je m’y suis rendue en traversant Likoma à pied, en admirant au passage les cabanes de pêcheurs et les baobabs majestueux qui bordent les sentiers de l’île. L’église est en effet impressionnante, par sa taille plus que par son architecture cependant.

Baobabs de Likoma
Cathédrale Saint-Pierre

Au-delà de cette visite, j’ai tenté l’expérience de plonger dans le lac Malawi grâce au club de plongée situé dans un hôtel à quelques minutes à pied du mien. L’expérience était étonnante, je pourrai désormais dire que j’ai plongé dans le lac Malawi tout comme j’ai plongé il y a quelques années dans le lac Baïkal en Russie, mais franchement, ça n’a pas grand intérêt. J’ai vu quelques minuscules poissons assez peu colorés et trois ou quatre gros poissons-chats. On m’avait vanté l’architecture, mais les éboulis rocheux n’ont vraiment rien de spectaculaire et l’eau étant un peu trouble, malgré le beau temps il n’y avait pas de jeu de lumière intéressant.

En revanche, j’ai pu emprunter un petit dériveur le lendemain et naviguer durant deux heures sur le lac en observant la côte mozambicaine, c’était très sympa.

Un paysage et des couleurs dont on ne se lasse pas !

En fin de journée, depuis mon transat sur la plage, j’observais des points de lumières apparaître de plus en plus nombreux sur l’eau. ce sont les pêcheurs qui partent travailler sur leur tout petit bateau à la tombée de la nuit et ne reviennent qu’au petit matin. ll s’agit d’un des lacs les plus riches en poissons au monde, ce qui en fait une ressource précieuse pour les pêcheurs, mais aussi pour les autres habitants des villages au bord du lac qui s’occupent du séchage et de la vente du poisson.

La pêche est une activité très importante sur l’île. Les poissons, une fois séchés, sont transportés sur l’Ilala boat.

Après 4 jours à me prélasser sur la plage du Mango Drift, il était temps de rejoindre Nkhata Bay pour y fêter le nouvel an puis reprendre la route. J’ai traversé le lac en speed boat cette fois-ci. C’est moins authentique mais plus rapide et moins fatiguant aussi !

8 commentaires

  1. Tu continues à nous faire rêver avec ton magnifique périple . J’en profite pour te souhaiter une Bonne Année. Qu’elle te permette de poursuivre ton voyage dans les meilleures conditions et t’offre encore plein de découvertes et de rencontres️ Maurice.

  2. Bonjour Audrey, merci pour toutes ces pépites
    Pourrais tu me dire le nom du groupe whatsap dont tu parles ? Merci

  3. Top merci Audrey !
    Je suis en Tanzanie du côté du lac Tanganyika et m’approche du Malawi
    Bonne route

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