La Finlande du nord au sud : sans moustiques et avec de belles rencontres  

=> Finlande, du 19 juillet au 6 août 2023

De nombreux cyclistes m’avaient recommandé d’éviter la Finlande en raison des nuages de moustiques qui allaient me rendre la vie impossible et des paysages encore plus ennuyeux qu’en Suède parce qu’on ne voit même pas les lacs depuis la route. J’ai décidé de me rendre compte par moi-même, je pourrais toujours prendre un train ou en bus le moment venu. J’ai en réalité beaucoup apprécié la vingtaine de jours que j’ai passé en Finlande même si j’ai en effet pris le train, et les moustiques n’ont pas eu ma peau ! 

Mon itinéraire à vélo, en train et en ferry en Finlande

Des journées de 100 km à 20 km/h de moyenne, ça fait du bien !

Cela faisait des semaines que j’affrontais un vent très majoritairement de face sur ma route vers le Cap Nord, il était donc logique que celui-ci soit enfin dans mon dos. Si on ajoute à cela le fait que le pays est relativement plat, toutes les conditions étaient réunies pour que je fasse des pointes de vitesse sans même m’en rendre compte. Quel plaisir de rouler dans ces conditions-là. J’en ai profité pour rallonger les distances quotidiennes car, si la Finlande n’est pas un pays aussi grand que la Suède, j’avais quand même quelques centaines de kilomètres à parcourir pour rejoindre Helsinki.

Un jour, j’ai même roulé 135km dans la journée, mais c’était involontaire, j’avais oublié de prévoir de l’eau pour mon bivouac, pas une habitation à l’horizon et le prochain lac se trouvait 35 km plus loin ! 

Un bivouac parmi d’autres

Depuis la frontière norvégienne, au nord-est de la Finlande, j’ai d’abord pris la direction sud-ouest pour rejoindre le Golfe de Botnie en passant par Inari, la capitale sami finlandaise. J’y ai fait une pause pour visiter le très intéressant musée Siida sur la culture sami et son environnement. J’ai notamment découvert les types d’habitations du peuple autochtone de Laponie au fil des siècles, les interactions avec les autres Sami de Norvège et de Suède… 

4 jours en compagnie de Pierre-Camille : c’est sympa aussi de rouler à deux

En repartant d’Inari, un autre cyclo m’a fait l’affront de me rattraper en haut d’une côte. Après avoir échangé quelques mots en anglais sur nos parcours respectifs, nous avons rapidement basculé en français. Partant dans la même direction, nous avons roulé toute la journée ensemble jusqu’à Rovaniemi, le très touristique « village officiel » du Père Noël situé sur la ligne du cercle polaire. Alors que j’avais passé le cercle polaire dans le train en Suède, et Pierre-Camille dans un ferry norvégien à l’aller, nous avons évidemment décidé d’immortaliser photographiquement ce moment. Et si nous n’avons pas fait de liste au père Noël, nous avons tous les deux fait le vœu que le passage de cette ligne imaginaire marque un cap en terme de météo car nos premiers jours en Finlande n’ont pas été cléments ! 

Passage du cercle polaire arctique en direction du sud

Pierre-Camille a commencé son voyage quelques semaines après le mien. Il est parti du Nord-Aveyron pour rejoindre le Cap Nord et se dirige désormais vers la Grèce. Nous avions les mêmes plans pour les trois jours suivants jusqu’à Oulu d’où il souhaitait prendre un train pour rejoindre rapidement Helsinki, nous avons donc décidé de reprendre la route ensemble le lendemain. Avant de partir de Rovaniemi, nous avons visité le musée Arktikum consacré à la Laponie et la culture sami, mais aussi à l’arctique. Ce musée était très complémentaire de celui d’Inari, sur la faune et les peuples de l’Arctique, ou encore sur le phénomène des Aurores boréales que je n’ai évidemment pas eu la chance de voir puisque je n’ai pas vu la nuit depuis des semaines.  

Les rennes semblent moins apeurés à l’approche des cyclistes en Finlande qu’en Norvège

Après la visite du musée, il nous restait 80km à faire dans l’après-midi, mais c’était facile avec le vent dans le dos, quel changement depuis la Norvège !  Et comme le trafic est peu dense, nous pouvions souvent rouler à deux de front pour papoter en inspectant régulièrement l’arrivée des voitures dans nos rétroviseurs. En revanche, les automobilistes finlandais sont bien moins respectueux des cyclistes que les norvégiens, ils doublent sans prendre leurs distances, même si aucune voiture ne vient en face, c’est parfois assez stressant, d’autant qu’il n’y a pas de route secondaire pour les éviter.

Les journées passées à discuter ainsi tout en roulant étaient bien différentes de mes journées habituelles où je roule seule en écoutant mes podcasts. Par ailleurs, alors même qu’on roulait assez vite, on faisait des pauses beaucoup plus longues, profitant du soleil de retour, et rallongeant d’autant la durée de nos journées sur le vélo. 

Avec Pierre-Camille dans la campagne finlandaise

À mesure qu’on roulait vers le sud, le trafic s’intensifiait, mais les pistes cyclables ont commencé à faire leur apparition rendant les kilomètres plus agréables et les lieux de bivouac aménagés au bord de l’eau se sont fait plus nombreux. Nous avons donc pu profiter des « Kotas » finlandaises, ce qui signifie « abri de chasse » en sami, une sorte de chalet de forme hexagonale fabriqué en bois, au milieu duquel se trouve un emplacement pour faire du feu. C’est un abri bien utile lorsque la pluie arrive sans prévenir !

Une kota au bord d’un lac, un lieu de bivouac parfait

3 accueils Warmshowers très chaleureux 

Avant d’arriver à Oulu, voyant la météo se dégrader de nouveau, avec Pierre-Camille nous avons chacun sollicité des hôtes warmshowers pour nous accueillir. Suzanne, mon hôte du jour, a fait la moitié du trajet depuis chez elle vers le nord pour nous retrouver et rouler ensuite vers Oulu en notre compagnie, quel plaisir de rouler à plusieurs de temps en temps ! 

Suzanne est une jeune allemande qui s’était installée 3 semaines plus tôt en Finlande pour fuir le climat germanique qu’elle trouvait trop chaud en raison du changement climatique. Moi qui suis partie vivre, il y a 6 ans, en Nouvelle-Calédonie en raison du climat nantais trop humide et trop froid à mon goût, on n’avait pas la même perception des choses. Pour autant nous avons passé une soirée très agréable à échanger sur ce sujet et plein d’autres avec une grande ouverture d’esprit, en dégustant des lasagnes véganes. 

Le lendemain, j’ai choisi de prendre le train pour rejoindre la ville de Kokkola où je devais recevoir un colis envoyé quelques jours auparavant par mes parents. J’ai retrouvé Pierre-Camille dans le train, lui se rendant directement à Helsinki car son voyage, qui ne dure « que 7 mois », lui « impose » d’arriver en Grèce fin septembre. c’est donc ici que nos chemins se sont séparés

Vieilles maisons en bois colorées du centre ville Kokkola

De mon côté, arrivée à Kokkola un samedi matin, j’ai eu confirmation que mon colis était bloqué depuis 4 jours à Turku, une ville au sud-ouest de la Finlande. Il me fallait donc laisser passer le week-end et attendre le lundi pour tenter d’obtenir plus d’informations. D’abord un peu dépitée de rester bloquée dans cette petite ville sans attrait particulier, j’ai finalement apprécié à leur juste valeur les 2 jours et 3 nuits passés chez Mimi et Jari, des hôtes warmshowers incroyablement accueillants qui n’ont pas hésité à m’héberger plus longtemps que prévu alors que je leur disais que j’allais rejoindre le camping de la ville. Jari, qui travaille dans l’industrie avec des horaires décalés à pu partager un peu de temps avec moi et me faire visiter la ville. J’ai aussi beaucoup appris sur les finlandais dont une grosse minorité, dans l’ouest du pays, parle suédois telle que Mimi, ou encore sur l’importance du petit déjeuner que j’ai pu partager avec eux tous les matins : salade composée, porridge aux myrtilles et fromage frais, pain, saumon, jambon, fromage, œufs, confiture de mûre arctique… tout cela en un seul repas ! 

Sur le quai de la gare avec Jari et Mimi

Le lundi, Jari m’a aidé à localiser mon colis et a pu demander que celui-ci reste à Turku afin que j’aille le chercher sur place. J’ai donc rejoint la ville de Turku, en train de nouveau, où j’ai été accueillie par un nouvel hôte warmshowers, Ville. En arrivant chez lui, Ville m’a rapidement proposé d’aller dîner au restaurant où nous avons dégusté une truite saumonée délicieuse. Puis Ville m’a fait faire un tour de la ville à pied. Turku est l’ancienne capitale de la Finlande, à l’époque où celle-ci était occupée par la Suède et s’appelait alors Åbo. Ce sont les Russes qui, prenant le pouvoir du pays en 1812, ont déplacé la capitale du grand-duché de Finlande de à Helsinki. Devenue deuxième ville de la Finlande, la cité a donc un certain cachet, même si nombre de ses anciennes maisons en bois ont brûlé lors d’un immense incendie au 19ème siècle. 

Le lendemain matin, suivant les bons conseils de Ville, j’ai visité le château de Turku, fondé en 1280 et qui a considérablement été agrandi et modernisé au cours des siècles. Il abrite aujourd’hui un musée très intéressant retraçant son histoire. J’ai ensuite été déjeuner au marché couvert de Kauppahalli, reconverti en food court mais qui a gardé son aspect pittoresque. Puis, après un détour par la zone aéroportuaire pour finalement récupérer mon colis, je me suis dirigée vers l’archipel des îles Åland dont on m’avait vanté la beauté. 

Le château de Turku

Un tour dans l’archipel des Åland décevant

Après 5 jours presque sans rouler, la reprise a été rocambolesque. À la sortie de la zone aéroportuaire, mon GPS m’a d’abord envoyé rouler dans la forêt. À mesure que j’avançais, le chemin se rétrécissait et les racines qui le traversaient étaient de plus en plus grosses. J’ai inévitablement fini par tomber et ai donc décidé d’être raisonnable et de pousser mon vélo pour les 1000 ou 1500 mètres à parcourir à travers les arbres, mais même comme ça, le terrain humide a gagné la partie et j’ai réussi à me casser la figure de nouveau ! Plus de peur que de mal, je m’en tire avec un gros bleu.

J’ai finalement retrouvé la route un peu plus loin et malgré mes 5 jours de pause, j’étais plutôt en forme et j’ai parcouru dans l’après midi sans difficulté les 70 km qui me séparaient du premier ferry d’une longue série. Celui-ci ne dessert ma destination que 2 fois par jour, à 8h et à 15h, j’ai donc planté ma tente à proximité et mis mon réveil aux aurores pour ne pas rater le premier départ. 

L’archipel des îles Aland (qui se prononce Olande), à mi-chemin entre Stockholm et Helsinki, comporte 6500 îles, mais une très grande partie d’entre elles n’est évidemment pas habitée, je pense même qu’il s’agit de simples rochers. Ces îles et îlots, qui appartiennent pourtant à la Finlande, bénéficient d’une grande autonomie et d’un statut de détaxe spécifique expliquant le nombre important de de ferrys reliant Stockholm à Helsinki qui y font une halte. 

Archipel des îles Åland

l’archipel est supposé être le lieu le plus ensoleillé de l’Europe du nord, mais je n’ai pas eu de chance et je n’ai eu que grisaille et pluie, rendant mon excursion bien moins agréable.  J’avais pensé initialement faire un tour de l’archipel en 3 ou 4 jours, en forme de boucle en partant vers le nord et l’ouest, puis vers le sud et l’est. Les îles de l’archipel sont reliées par des ponts, des bacs à câble et des ferrys selon les distances entre les îles. Pour ces derniers, qui passent moins fréquemment, l’enjeu est d’essayer de s’organiser pour arriver à l’heure. C’est ainsi que, profitant d’une traversée en bac, je consulte les horaires du prochain ferry et je découvre qu’en débarquent du bac, j’aurai moins de 15 minutes pour parcourir les 6 km qui me séparent du prochain ferry, ou bien il me faudrait attendre deux heures sous la pluie, ce qui n’est évidemment pas réjouissant. 24 km/h sur une courte distance, ca me semble faisable si le relief n’est pas trop escarpé. J’ai pédalé de toutes mes forces, je suis arrivée sur le quai exténuée, une minute avant l’heure de départ, mais la barrière pour embarquer était fermée et le bateau en train de se fermer également. J’ai regardé les membres d’équipage avec un grand sourire et ils ont accepté d’ouvrir la barrière !

J’ai ainsi rejoint l’archipel du nord dont l’île principale est Brändö que j’ai parcourue de long en large et sous la pluie, mais à mon grand regret les routes sont toutes situées au centre des îles et on ne voit que peu la mer sauf en passant d’une île à l’autre. Ne voyant pas d’intérêt à rester passer la nuit sur cette île que j’avais déjà largement sillonnée, j’ai pris quelques heures plus tard un nouveau ferry vers Vardø pour trouver un camping qui me permettrait de cuisiner au sec. 

Archipel des iles Åland, j’ai quand même eu quelques heures de soleil avant de partir

Le lendemain, la météo n’était toujours pas de mon côté et les routes parcourues m’ont plutôt fait penser que je parcourais la campagne française qu’un archipel réputé au cœur de la mer Baltique. Un peu déçue, et ayant également hâte de découvrir Helsinki, j’ai choisi de raccourcir mon itinéraire sur l’archipel et réservé une place sur un ferry le soir même pour m’emmener en une nuit dans la capitale finlandaise. 

2 jours ½ à Helsinki très sympa

L’arrivée en bateau dans le port d’Helsinki est magnifique, surtout le passage par une passe si étroite qu’on se demande même si le bateau va passer ! Dès mes premiers pas en ville, j’ai su que j’allais m’y plaire, et je ne me suis pas trompée. Il faut préciser que la météo était de nouveau clémente et ça aide !  

La passe pour arriver à Helsinki en ferry

Une fois posées mes affaires dans mon auberge je suis repartie à vélo et ai entendu que les pavés de la ville avaient eu raison d’une des vis de mon garde-boue. Il est temps que je fasse un vrai check up de Yolo avant d’avoir une mauvaise surprise ! Après avoir resserré la vis en question, j’ai rejoint le centre-ville et me suis dirigée vers la cathédrale luthérienne Tuomiokirkko d’où débutait au même moment un free walking tour. Je suivais souvent ces free walking tour lors de mon voyage autour du monde, je trouve que c’est une bonne façon d’avoir un premier aperçu de la ville pour décider ensuite des visites que l’on souhaite faire. Je me suis donc jointe au groupe et nous avons suivi un parcours d’une heure et demi en centre-ville vers la magnifique cathédrale orthodoxe Ouspenski puis la place du marché tandis que la guide nous transmettait nombre d’informations intéressantes sur Helsinki et la Finlande. 

La cathédrale orthodoxe Ouspenski

Le lendemain, j’ai consacré ma matinée à explorer l’île de Suomenlinna, la forteresse de la Finlande, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, qui couvre un archipel de six îles reliées par des ponts. Édifiée par les Suédois au milieu du 18ème siècle, ils n’ont jamais pu mettre à l’épreuve la solidité de cette infrastructure car lorsque les Russes ont assiégé l’archipel en 1808, le commandant de la citadelle s’est rendu. La promenade est intéressante et les édifices impressionnants, mais j’ai choisi de ne pas visiter les musées faute de temps. 

Muraille de la forteresse de Suomenlinna

Après avoir avalé un plat de poissons frits sur la place du marché, une sorte de food court à ciel ouvert, lieu de restauration préféré des touristes de la capitale, je me suis rendue au musée du design. J’ai été très déçue par ce dernier. Sur les trois étages du musée, un seul est consacré au design finlandais que j’ai trouvé mal mis en avant, présentant essentiellement de petites pièces ; tandis qu’un étage accueillait une exposition de tapisserie et un autre exposait des œuvres d’art lumineuses que j’ai trouvées assez éloignées de la thématique design.

J’ai finalement continué d’arpenter la ville et ses pavés à vélo à la recherche des rues aux bâtiments les plus colorés, et de me prélasser dans le magnifique Parc Esplanadi avant de boire un verre sur la place du Sénat face à la grandiose cathédrale luthérienne Tuomiokirkko. 

La cathédrale luthérienne Tuomiokirkko

pour mon dernier jour à Helsinki, avant d’embarquer dans le ferry à destination de Tallinn, j’ai été visiter l’église Temppeliaukio, un édifice creusé dans la roche surmonté d’un dôme en cuivre qui crée une acoustique manifestement exceptionnelle, celle-ci est donc fréquemment utilisée pour des concerts. J’ai ensuite déambulé à travers les rues jusqu’au port d’ Helsinki, puis me suis posée pour boire un verre en terrasse face au sauna/piscine, situé sur le port, qui semble être une attraction très prisée. Pour ma part, j’ai choisi de ne pas aller au sauna à Helsinki faute de temps et de reporter cette expérience à l’occasion de ma visite de Tallinn.  Il me restait alors juste le temps de manger une dernière fois du renne sur la place du marché puis de boire un café dans le parc Esplanadi avant d’aller prendre mon ferry et d’arriver en Estonie 2h15 plus tard.

Le port de plaisance d’Helsinki

6 commentaires

  1. Ça me donne envie d’aller visiter la Suède et la Finlande (et de prendre le ferry entre Stockolm et Helsinki !)
    Je ne connaissais pas les free walking tour.. c’est super !

  2. Cyclo de l’UCNA, je suis bluffé par ton beau voyage, surtout la virée vers le Cap Nord, un de mes rêves fous que je ne ferai certainement pas à vélo. Bon courage pour la suite, car, si j’en crois ce que je viens de lire, de fin, il n’y en a pas pour l’instant tellement tu as faim.

  3. Je reviens juste de Finlande et notamment d’Helsinki, de l’Ile de Suomenlina….et de l’est : Lathy et Savonlinna. Nous y avons accompagné notre fille au championnat du monde de Triathlon : chacun ses délires et visité avec elle, un peu le sud. Merveilleux pays, cette Finlande ! J’attends ta suite et les pays baltes. Bonne route ! Jacky UCNA CYCLO

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