Un nouveau tour ailleurs… à vélo

À la fin de mon année de voyage autour du monde en 2015 / 2016, je savais que cette expérience ne resterait pas la seule, et que je repartirai, un jour, pour un grand voyage. Il y a un peu plus d’un an, alors que je vivais à Nouméa en Nouvelle-Calédonie depuis déjà quelques années, j’ai décidé qu’il était temps d’aller faire ce nouveau tour ailleurs… à vélo.

Pourquoi un tour à vélo ?

J’ai d’abord hésité brièvement à voyager en van. J’avais un van en Nouvelle-Calédonie, j’ai beaucoup apprécié la liberté et la facilité de voyage qu’il autorisait. Mais après mure (ou pas si mure que ça ?) réflexion, j’ai choisi de tenter l’expérience du voyage à vélo. J’ai toujours aimé le vélo, cycliste urbaine notamment, j’ai aussi fait un peu de vélo de route quand j’habitais à Nantes. J’ai également toujours regardé avec, à la fois beaucoup d’admiration mais aussi beaucoup d’envie, les voyageurs à vélo que j’ai pu croiser lors de mes différents voyage, pensant que je n’aurai jamais le courage d’en faire autant. Mais finalement, pourquoi pas ? Si eux le font, il n‘y a pas de raison que je n’en sois pas capable.

J’ai donc commencé à me documenter. Tout comme je l’avais fait avant mon voyage autour du monde, je me suis notamment nourrie du récit de filles qui ont voyagé seule à vélo, j’ai écouté des podcasts et j’ai décidé que moi aussi j’en étais capable, dès lors que je le voyagerais à mon rythme. Et d’une certaine manière, il me semblait plus logique de faire à 43 ans un voyage à vélo et de repousser mon voyage en van plutôt que l’inverse !

Yolo, mon compagnon de route 

Pour que mon projet devienne concret malgré les 17 000 Km qui me séparaient de l’Europe, et parce que la crise du Covid a créé une forte pénurie de vélos et de pièces détachées, j’ai rapidement décidé de commander mon vélo. Quelques renseignements pris en ligne, j’ai découvert qu’il était possible de se faire faire un vélo sur mesure et j’ai choisi de m’orienter vers cette option. Ça me semblait être la meilleure solution pour avoir le vélo le mieux adapté possible à mon projet. J’ai donc pris contact quelques contacts en visio avec des vélocistes. J’ai gambergé de longues nuits pour savoir si je devais prendre des roues en 26 pouces ou 27,5 pouces, des freins à patins ou à disques, un cadre sur mesure ou un cadre recyclé… l’enjeu était important et j’avais intérêt à ne pas me tromper.

J’ai finalement décidé de faire confiance à François Coponet de Cycles Itinérances qui m’a d’abord présenté les différentes options possibles et m’a prodigué tous les conseils nécessaires. Il m’a ensuite fabriqué un cadre et monté un vélo parfaitement adapté à mon besoin, tant au niveau des développements, de la taille des roues ou des pneus. J’ai même pu choisir la couleur du cadre, mon vélo arbore fièrement un bleu outre-mer !

Considérant les heures que nous allions passer ensemble, et probablement les quelques galères à traverser, j’ai choisi de donner un petit nom à mon vélo : il s’appelle Yolo, pour You Only Live Once. C’est évidemment dans cette philosophie que j’ai choisi de faire ce tour à vélo ! 

Une préparation à minima 

À part l’achat du vélo et un peu de matériel de bivouac commandé à distance, je n’ai finalement pas consacré beaucoup de temps à la préparation de mon voyage alors que j’étais encore à Nouméa. Je voulais surtout profiter pleinement de mes derniers mois dans le Pacifique pour voyager après deux ans de fermeture du territoire pendant la crise du Covid 19, et profiter aussi pleinement de la vie à Nouméa. En un an j’ai donc voyagé aux Îles Marquises, en Australie, au Vanuatu, au Japon, et j’ai fait un convoyage d’un bateau de régate de Nouméa à Sydney, sans compter tous les tours que j’ai fait en Nouvelle-Calédonie, sur terre, sur mer ou encore sous l’eau. 

N’ayant aucune expérience du voyage à vélo et sachant que je n’en aurai pas plus avant de partir, j’ai trouvé raisonnable de débuter celui-ci dans un environnement facile. J’ai donc choisi de partir vers l’Europe du Nord, pensant que je trouverai facilement des pistes cyclables, des réparateurs de vélo, et des gens parlant anglais. Le but étant de ne pas multiplier les difficultés d’emblée. Je rêvais depuis longtemps de voir les fjords de la Norvège, j’ai donc décidé de me fixer comme premier objectif d’atteindre le Cap Nord, à l’été 2023. Estimant qu’il me faudrait probablement au moins trois mois pour parcourir à vélo les quelques 4000 kilomètres qui séparent Paris du point le plus septentrional de l’Europe, j’ai donc décidé de partir début avril 2023 pour arriver là bas à la période du soleil de minuit. 

J’ai quitté la Nouvelle-Calédonie mi-février 2023 pour m’accorder 6 semaines en métropole pour préparer mon voyage et profiter de ma famille et de mes amis. Il me fallait acquérir tout l’équipement nécessaire à ce type de voyage : équipement de bivouac, matériel de vélo, vêtements adaptés à toutes les saisons, et notamment au froid et à la pluie…  Au total, j’ai dû effectuer une bonne centaine d’achats. Moi qui suis habituellement assez intéressée par le matériel technique, à la fin de mon intermède parisien, j’ai fait une indigestion d’achats ! Il faut dire que pour chaque item, il faut passer de quelques minutes à quelques heures à se renseigner, comparer, évaluer, puis finalement commander. En effet, avant d’acheter un panneau solaire, il faut d’abord comprendre la technologie, la puissance nécessaire, lire les avis des utilisateurs, des cyclotouristes… et cet exercice est à renouveler pour chaque achat : la tente, le matelas gonflable, le réchaud, mais aussi pour la pompe ou la taille des sacoches. 

Pourtant, ce n’est pas parce que j’ai passé des heures à tout choisir que je ne me suis pas trompée. Au bout de quelques heures de pédalage, j’ai en effet découvert qu’il était très désagréable de rouler avec un pull dont la capuche est posée sur le haut du dos toute la journée. J’ai aussi commencé dès le premier soir à me séparer d’un certain nombre d’objets jugés finalement non indispensables afin d’alléger mes sacoches. Et j’ai donc finalement acheté de nouvelles sacoches avant plus petites une fois arrivée à Lille. Les anciennes ont été envoyées par la Poste et trouveront sans difficulté un acquéreur sur Le bon coin ! Je me fais une raison, en partant sans aucune expérience, il ne pouvait pas en être autrement.  

Audrey, le jour du départ devant la Géode

Aucun défi sportif

On m’a beaucoup demandé si j’allais m’entrainer physiquement avant de partir. Je n’en avais ni l’envie, ni le temps. Mes 6 semaines à Paris à préparer mon voyage, je les ai essentiellement passées à faire des achats et à voir ma famille et mes amis. J’avais aussi besoin de reprendre en main ce blog, de découvrir le fonctionnement de mon application GPS, ou encore de gérer un peu de papiers administratifs. Cela ne me laissait pas de temps pour des sorties à vélo.  

J’ai donc tout juste pédalé 30 ou 40 kilomètres au total sur mon nouveau vélo, Yolo, avant le départ. Évidemment, ça rend les premières journées un peu plus difficiles, surtout une fois le vélo chargé de ses lourdes sacoches remplies de tout le matériel nécessaire et non-indispensable ! Mais j’ai décidé de prendre mon temps et de rouler à mon rythme, le temps d’acquérir la forme nécessaire.

J’ai choisi de voyager à vélo parce que c’est un mode de voyage plus lent, qui permet de faire plus de rencontres que le voyage « en sac à dos » ou même en van. Mon voyage n’est donc en aucun cas un défi sportif et je ne me suis fixé aucune règle à respecter : si je veux prendre un train, un bus ou un bateau parce que j’ai la flemme de pédaler, qu’il fait froid, qu’il pleut ou que j’ai envie d’avancer plus vite, je le ferai. Je serai d’ailleurs probablement amenée à prendre l’avion à un moment ou à un autre de mon voyage.

premier camping

Un seul objectif : se faire plaisir

De la même manière que je ne me fixe pas de règle, je ne me fixe pas non plus d’objectif à atteindre. Je me dirige aujourd’hui en direction du Cap Nord, mais si pour une raison quelconque je ne l’atteins pas, ce n’est pas grave. Je ne sais pas non plus ni où, ni quand, se terminera ce voyage. Si tout se passe bien et que je prends du plaisir, je me donne jusqu’à deux ans. Mais si à un moment où un autre j’en ai marre de pédaler, je m’arrêterai, ou bien je laisserai mon vélo pour terminer mon voyage autrement. J’ai rencontré et lu le récit de voyageurs qui au bout d’un an et demi de voyage en avaient marre, mais continuaient parce qu’il avaient décidé d’atteindre une destination précise. Je sais que je n’aurai pas le courage de continuer si l’envie et le plaisir n’est plus là. C’est aussi la raison pour laquelle je ne me fixe pas non plus de destination finale. Aujourd’hui j’aimerais, après avoir pédalé quelques mois en Europe, m’aventurer sur la route du Pamir en Asie centrale, mais peut être que dans quelques mois j’aurai envie d’autre chose… Vous en saurez plus en lisant mes prochains articles !

8 commentaires

  1. Trop bien Audrey ! Je t’admire et me rappel nos moment passés sur les plages à St Gildas .
    Nous sommes allés l’été dernier au cap Nord , Road Trip en famille avec mon mari et nos trois enfants , on a fait une boucle de 8500 Km en voiture électrique ⚡️ en visitant Stockholm, Oslo, Helsinki.
    La route pour le Cap Nord une fois le cercle polaire passe est juste incroyable ! Profite de cette superbe aventure

    • Hello Marie, merci pour ton message. je me souviens en effet avoir suivi votre périple vers le Cap Nord l’été dernier sur Facebook. J’ai hâte d’y être, mais je ne vais pas me précipiter non plus, il fait encore trop froid !

  2. Bravo Audrey …. Et merci pour tes photos et récits qui m’émerveillèrent. Je t’embrasse fort. Cousine Anne-Laure

  3. Merci pour le témoignage Audrey, plein d’envie d’aventure et de découverte. Bonne route !!!

  4. Salut Audrey. Te voilà donc partie pour cette belle aventure dont tu m’avais touché qlqs mots lors de notre dernière rencontre à Néa. Avec Yolo et son chargement te voici parée pour vivre de beaux moments. Je les suivrai avec intérêt et plaisir. Profite à fonds de ce voyage et des rencontres que tu feras. J’avais beaucoup aimé la Scandinavie que j’avais parcouru étudiant avec des copains en Van. Mais c’était au siècle dernier . Maurice.

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