De Windhoek à Cape Town : l’ultime étape de mon voyage à vélo en Afrique

Après 16 jours d’un merveilleux road trip en Namibie avec mes parents, je les ai laissés reprendre l’avion en direction de Paris, tandis que je m’apprêtais à retrouver mon vélo, mon fidèle Yolo, pour prendre la route vers l’Afrique du Sud, ultime destination de ce périple africain.

Mon itinéraire de Windhoek à Cape Town

En route vers l’Afrique du Sud 

Rechargée en énergie après deux semaines de voyage en voiture, j’étais très motivée pour reprendre le chemin et parcourir les 1 582 kilomètres qui me séparaient de Cape Town, la destination finale de mon aventure africaine. Lors de leur visite, mes parents m’ont apporté beaucoup d’équipement. J’ai enfin de nouveaux pneus, les anciens ayant parcouru plus de 17 000 km n’étaient plus en état de m’accompagner. J’ai aussi installé des prolongateurs de triathlon sur mon vélo, et les 500 kilomètres de ligne droite qui m’attendaient étaient parfaits pour les tester et les régler. J’ai également apprécié de renouveler quelques vêtements bien usés après 14 mois sur les routes !

C’est parti pour 1500 km !

À regret, j’ai décidé de prendre la grande route bitumée qui filait plein sud. En effet, j’avais rendez-vous avec mon frère moins d’un mois plus tard au Cap, et je n’avais pas le temps de faire des détours, encore moins d’emprunter les fameuses pistes namibiennes, réputées difficiles. C’était décevant car ces pistes sont une étape phare d’un périple à vélo en Namibie, mais d’un autre côté, je n’avais aucune raison de m’infliger des centaines de kilomètres de pistes cahoteuses ou de pousser mon vélo sur des kilomètres de sable. D’autant plus que j’avais déjà parcouru ces merveilleux endroits en voiture en famille.

De la ligne droite à n’en plus finir !

Après plus de quatre semaines sans pédaler, quitter Windhoek était un défi, d’autant que la sortie de la ville commence par 20 kilomètres de montée ! Heureusement, la suite du trajet était majoritairement plate, voire en légère descente, et un vent arrière puissant m’a permis de faire de longues étapes sans effort, donnant l’impression d’avoir un vélo électrique. Un jour, j’ai parcouru 154 km à une moyenne de 24 km/h, alors que certains jours, j’ai du mal à atteindre 15 km/h de moyenne.

L’avantage sur les grandes routes, c’est la présence d’aire de repos avec de l’ombre

A vélo sur les pistes du désert du Kalahari 

Au-delà de l’aspect sportif, les paysages désertiques, bien que beaux, peuvent devenir monotones et les journées un peu longues. J’étais donc ravie de quitter la route principale pour tester les pistes namibiennes et découvrir le Fish River Canyon. Les paysages étaient incroyablement beaux et les pistes en relativement bon état. Malheureusement, je n’ai pas vu beaucoup de vie sauvage, à part quelques zèbres, deux ou trois oryx, et des traces de rhinocéros. J’ai ainsi passé quatre jours incroyables à traverser une partie de l’immense désert du Kalahari, seule avec ma monture sur des pistes magnifiques. J’étais contente de finalement me confronter aux pistes namibiennes, même si ce n’était que sur 250 km.

Les pistes c’est plus difficile mais c’est toujours plus beaux

En atteignant le camping du parc du Fish River Canyon, il me restait une dizaine de kilomètres à parcourir pour atteindre la gorge. Arrivée en début d’après-midi, j’ai décidé de les faire dans la foulée. Je me suis déchargée de mes sacoches, ne prenant que le minimum avec moi, et j’ai repris la route. Cette portion de piste était en mauvais état. Heureusement, j’avais pris mes outils avec moi car j’ai dû réparer ma béquille desserrée et mon garde-boue dont un boulon s’était dévissé à cause des vibrations. Vive les colliers de serrage en plastique !

Le fameux Fish river Canyon

Le paysage au Fish River Canyon est incroyable et valait largement le détour par la piste. Cependant, je n’ai pas pu attendre le coucher du soleil pour y prendre les photos que j’aurais aimé capturer, car je devais retourner au camp avant la nuit, et vu l’état de la piste, ma petite lumière avant n’aurait pas suffi à m’y conduire en toute sécurité.

Une lumière incroyable au retour du Fish river Canyon

En tenant compte des rares campings dans la région, j’avais ensuite deux options qui se présentaient à moi : soit deux journées d’environ 70 kilomètres, soit une longue journée de 123 km, dont 118 sur piste. Confiante en mes capacités, j’ai choisi cette seconde option. Je suis partie tôt, avec seulement cinq litres d’eau pour ne pas trop me charger, certaine de trouver des voitures de touristes pour refaire le plein comme les jours précédents. Heureusement que j’en ai arrêté une lors de ma pause déjeuner car, ayant ensuite quitté la piste la plus fréquentée pour une autre hors des sentiers battus par les touristes, c’était le dernier véhicule de la journée que j’ai vu ! J’ai donc terminé cette journée épuisée et à sec. 

Toujours saisir l’occasion de s’arrêter quand on trouve de l’ombre !
Heureusement qu’il y a des podcast pour m’accompagner durant ces longues journées

Ce soir-là, en atteignant l’a rivière Orange qui marque la frontière avec l’Afrique du Sud, j’avais prévu de camper dans le seul lodge/camping du village, mais tous les emplacements étaient occupés par les participants d’une course de vélo. Quelle bonne excuse pour négocier fortement le prix de ma chambre et savourer un vrai lit après une telle journée !

Township d’Aussenkehr

Arrivée en Afrique du Sud : des rencontres mémorables à tous points de vue ! 

C’est avec un peu d’émotion que j’ai passé la frontière sud-africaine. Mon étape namibienne restera sans aucun doute un moment particulier de mon voyage. Pour les paysages incroyables et si divers que ce pays a à offrir, mais aussi pour les rencontres que j’y ai faites. Mais après un peu plus de deux mois dans le pays, il me fallait avancer !

L’Afrique du Sud, dernier pays de ce périple africain

Mon arrivée en Afrique du Sud a été mouvementée. Après soixante kilomètres de montée ininterrompue, dès le premier soir, j’ai été attaquée à proximité de ma guesthouse par trois chiens. Je suis descendue de mon vélo pour le positionner entre eux et moi, espérant leur faire barrage tout en leur criant dessus. Et pendant ce temps-là, un quatrième est arrivé par derrière et m’a mordue au mollet ! Moi qui avais souvent des craintes en Europe à cause des chiens, c’est en Afrique, alors que je n’en ai presque pas croisé, que je me fais mordre !

Arrivée à Steinkopf, le lieu du « crime » !

Disposant de l’information selon laquelle ces chiens n’étaient probablement pas vaccinés, j’ai préféré être prudente et recevoir un traitement contre la rage. Cette vaccination réalisée a posteriori nécessite quatre injections suivant un calendrier strict. Il m’a donc fallu adapter mon itinéraire pour me trouver dans des villes avec des hôpitaux aux jours dits et recevoir les vaccins antirabiques nécessaires. D’une certaine manière, j’ai eu de la chance, d’abord parce que la morsure n’était vraiment pas profonde, mais aussi parce que cela m’est arrivé en Afrique du Sud dans une zone relativement dense et donc avec des hôpitaux me permettant de ne pas être trop contrainte dans mon itinéraire.

Le nord de l’Afrique du sud est aussi désertique que la Namibie, mais les routes y sont pour la plupart asphaltées

À Springbok, ma première ville-étape, j’ai eu la chance d’être accueillie par Nicolene et Harm, des hôtes Warmshowers. Deux personnes incroyablement accueillantes qui, au-delà de m’aider avec les formalités administratives hospitalières et de m’accueillir très chaleureusement, m’ont appris beaucoup sur leur pays, l’histoire de l’apartheid, la situation actuelle… Comment un pays peut-il se relever lorsque l’on a inculqué à une partie de sa jeunesse une prétendue supériorité sur l’autre ? Aujourd’hui, les discriminations institutionnelles ont changé de camp, mais elles persistent encore de manière significative. Après les avoir quittés avec plein d’infos utiles pour la suite de mon itinéraire, je les ai d’ailleurs retrouvés dans la station balnéaire d’Yzerfontein où nous avons de nouveau partagé des repas conviviaux.

Avec mes hôtes Nicolene et Harm

Après des semaines avec une météo incroyable en Zambie, au Botswana et en Namibie, nous avons soudainement perdu 20 degrés en 24 heures et la pluie s’est invitée. L’hiver austral, en retard cette année, a fini par se présenter ! J’ai passé cinq jours à rouler sous une pluie glaciale, à dormir dans des endroits où je ne pouvais que difficilement faire sécher mon linge. Je commençais à trouver ça difficile. Mais le réseau Warmshowers est vraiment incroyable. En arrivant à Yzerfontein, j’ai eu la surprise et la chance d’être accueillie chez Margaretha. Alors même qu’elle n’était pas chez elle lors de mon arrivée car elle était retenue dans l’est du pays, elle a tenu à solliciter un voisin pour m’ouvrir sa maison et m’a proposé d’y rester aussi longtemps que je le souhaitais ! Quel bonheur de faire une pause auprès du feu de cheminée !

Une éclaircie de courte durée en quittant Veldrift

J’ai ainsi pu attendre patiemment le retour du soleil pour ma dernière journée à longer l’Océan Atlantique en direction de Cape Town. C’est tellement plus agréable de rouler sous le soleil !

Pause pique-nique au soleil au bord de l’Océan avant d’atteindre Cape Town

C’est avec émotion que j’ai atteint la ville sud-africaine avec un peu plus de 19 000 km au compteur, dont 9 000 en Afrique de l’Est et Australe. Cette dernière étape de mon voyage en Afrique était un symbole fort après le Cap Nord que j’avais atteint en juillet dernier. Mais il me reste encore trois jours de vélo pour faire une boucle vers le cap de Bonne-Espérance. Pour cela, j’attends patiemment l’arrivée de mon frère pour partager ces derniers kilomètres africains avec lui !

Vue sur Table Mountain en arrivant à Cape Town

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