=> Semporna – Sipadan, Bornéo, Malaisie //du 2 au 24 février 2016
J’étais jusqu’à présent plongeuse niveau 3 FFESSM (Fédération française d’études et de sports sous-marins), c’est à dire le plus haut niveau de plongée loisir, qui permet plonger en autonomie avec un binôme jusqu’à 60 mètres de profondeur. Les niveaux supérieurs sont consacrés à l’encadrement ou à l’enseignement.
Je ne projette pas vraiment de devenir Divemaster, c’est à dire guide de plongée. Alors pourquoi ai-je décidé de consacrer 3 semaines de mon voyage pour passer ce diplôme ? Pour le challenge et pour le pour le fun principalement. Et pour plonger !!!
Pourquoi devenir divemaster PADI ?
J’ai d’abord choisi de changer d’école de plongée. J’ai été formée par des clubs adhérents de la FFESSM, et j’ai choisi de passer le niveau supérieur, divemaster, chez PADI, une école américaine qui affilie aujourd’hui la très grande majorité des centres de plongée partout dans le monde. il y a toujours eu une petite « guéguerre » entre les « pro-FFESSM » qui considèrent leur école plus sérieuse et plus technique, et les « pro-PADI » qui considèrent la leur comme tout aussi sérieuse, mais plus fun. Il y a effectivement des différences non négligeable dans l’approche de la discipline. Par exemple étant formée niveau 3 FFESSM je peux descendre jusqu’à 60 mètres et faire des plongées avec paliers de décompression. Avec PADI, le principe, c’est la plongée sans décompression, par conséquent on ne descend pas en dessous de 40 mètres et on surveille son ordinateur pour remonter avant d’entrer dans la zone nécessitant de faire des paliers. La plongée avec paliers est considérée comme une plongée technique nécessitant des certifications supplémentaires. C’est aussi ce qui est souvent critiqué chez Padi : il y a des certifications (payantes) pour tout, ce n’est pas vraiment un organisme à but non lucratif ! Cependant je pense qu’il y a du bon dans les deux écoles, et j’ai trouvé intéressant de découvrir le « monde PADI ».
En tout honnêteté j’ai aussi choisi de passer divemaster Padi et non pas le niveau 4 de la FFESSM car il est réputé pour être physiquement très difficile, et les gens qui je connais qui l’ont passé se sont entrainés durant une année auparavant… ma condition physique n’est surement pas suffisante à ce jour ! Et puis tout simplement car il est possible de passer son divemaster partout, c’est plus compliqué pour le niveau 4 FFESSM, que l’on peut passer essentiellement en France.
J’ai aussi choisi de suivre cette formation parce que c’est la manière la plus économique de plonger… beaucoup. Pendant ces 3 semaines, j’ai plongé 3 fois par jour dans la zone autour de Semporna, dont 4 journées à Sipadan. Je n’aurai jamais pu m’offrir autant de plongées en payant des forfaits « fun dive ». Mais en contrepartie, on bosse !
En quoi ça consiste ?
La formation dure 15 jours à 2 mois en fonction des centres de plongée et de l’expérience du plongeur. Il est possible de commencer avec une expérience de seulement 60 plongées, mais dans ce cas il est préférable de consacrer plus de temps à la formation, car ce qui fera un bon divemaster, c’est avant tout l’expérience. Pour ma part j’avais déjà 270 plongées, et j’ai décidé de consacrer 3 semaines à cette formation. Bien sur un peu plus longtemps m’aurait procuré plus d’expérience, mais dans le cadre de mon voyage, 3 semaines c’était déjà beaucoup, et c’est c’est bien fatigant !
Le programme : 7 heures tous les matins devant le dive center pour porter les bouteilles de plongée sur le bateau, accueillir les clients, leur fournir le matériel, vérifier les paniers repas. Puis c’est parti pour une journée de plongée. Au début en binôme avec un instructeur qui donne des cours ou qui guide une palanquée, on est vite en responsabilité de guider seul une palanquée même sur des sites que l’on ne connait pas. Mais ce qui est bien c’est qu’ici il n’y a pas de difficulté liée à l’orientation, la plupart du temps ce sont des sites en pente douce que l’on suit dans le sens du courant, et le bateau vient nous chercher quand on remonte, aucun risque de se perdre. Et quand il y a moins de clients, ou entre deux plongées, examens pratiques, comme par exemple 200 m de nage chronométrée sans palmes, masque, ni tuba; 800 mètres avec palmes masque et tuba, ou encore une simulation de sauvetage d’un plongeur inanimée. Les exercices sont plus ou moins difficiles, et on peut en général compenser si on n’est pas nageur de haut niveau, en obtenant le maximum de points à un autre exercice.
En fin de journée, il faut de nouveau porter les bouteilles, puis étudier ! Parce que la formation ce n’est pas que de la pratique, mais aussi beaucoup de théorie. Et en Anglais ! Pas toujours simple de comprendre tous les aspects techniques dans la langue de Shakespeare, 350 pages à lire au ralenti et avec le dictionnaire sous la main. Mais je m’en suis sortie avec succès aux deux examens théoriques.
Autant dire que la vie nocturne est mise entre parenthèse quelques temps, car c’est vraiment fatigant et il est déjà très difficile de trouver la force d’étudier le soir.
Ca permet quoi ?
A la fin de mes trois semaines intensives, Fabio, mon instructeur a validé l’ensemble de mes compétences, et je dois désormais payer mon adhésion auprès de Padi pour devenir Divemaster. Cela me permet de devenir guide de plongée partout dans le monde… sauf en France. En effet en France pour gagner sa vie en tant que moniteur de plongée, comme dans d’autres sports, il faut passer un diplôme d’état. Ailleurs dans le monde, je peux donc devenir guide de plongée et être rémunérée (un peu) pour cela. Mais cela ne permet pas d’enseigner. Il faut alors devenir instructeur Padi pour pouvoir former les plongeurs débutants et être rémunéré (un peu plus). Souvent les professionnels commencent par passer le divemaster et continuent avec le diplôme d’instructeur.
Et moi dans tout ca ?
J’ai décidé de suivre cette formation pour le fun et le challenge, et parce que c’était un bon moyen de plonger beaucoup pour pas trop cher. Je pensais que techniquement ce ne serait pas un problème au regard de mon expérience, mais je ne savais pas comment je réagirais « humainement ». J’ai été agréablement surprise sur ce point : la plupart des clients sont sympas, intéressants, et j’avais plaisir à les guider et passer la journée avec eux sur le bateau. Et parfois si ce n’est pas le cas, on discute moins et c’est tout. Le tout se faisant bien sûr en anglais, ça m’a aussi permis de progresser encore un peu en anglais .
En revanche, techniquement, ou physiquement plutôt, ce n’est pas si facile. Je craignais le 200 mètres nage libre mais j’ai finalement obtenu un score (presque) correct. Mais j’ai eu beaucoup de mal à remonter ma plongeuse inanimée sur le bateau. Et j’ai vraiment détesté l’exercice d’échange d’équipement. Cet exercice est un stress-test pour vérifier qu’on est capable de surmonter son stress sous l’eau alors même que cette situation spécifique ne se produira jamais (mais d’autres situation stressantes oui !). L’objectif c’est d’échanger l’ensemble de son équipement avec son binôme sous l’eau, c’est à dire masque, palmes, ceinture de plombs et gilet stabilisateur… tout en respirant en partageant un seul détendeur. C’est là que ça se corse : on prend deux respirations et on donne le détendeur au binôme en attendant qu’il respire deux fois et nous le retourne. La première fois que j’ai essayé de faire l’exercice, c’était avec un autre élève divemaster. Après avoir échangé le gilet stabilisateur, j’ai avalé de l’eau en reprenant le détendeur et suis remontée en l’abandonnant lâchement au fond… sans air ! Rassurez-vous il a survécu en reprenant son propre détendeur, fin de l’exercice, on recommence. La seconde fois j’ai fait la même chose au moment de l’échange de masque : pas si simple de vider l’eau se trouvant dans son masque quand on n’a pas d’air pour souffler par le nez. Echec ! Je n’ai pas voulu retenter l’expérience tout de suite. J’ai d’abord décidé de me renseigner un peu sur le sujet, comment font les autres ? Je n’étais surement pas la seule à être en difficulté avec cet exercice. Mais c’est un exercice à valider impérativement pour devenir divemaster, je n’ai donc pas le choix. J’ai donc lu deux articles de blog sur le sujet (c’est génial les blogs !!!), les filles ayant également eu des difficultés au début mais on réussi à surmonter, je surmonterai aussi ! Deux semaines plus tard j’ai reproduis l’exercice avec mon instructeur. Ce n’était pas facile, mais j’ai réussi !
A partir de là je savais que je validerai le divemaster. Il ne me restait plus que le snorkel test (test du tuba). Mais il s’agit là d’un test non officiel, que doivent réaliser tous les nouveaux divemaster. Je ne veux pas tout dévoiler, mas en gros, il s’agit de soirée, d’alcool, de masque et de tuba…
Je suis diplômée ! Direction Kuala Lumpur pour mes derniers jours en Asie.
Super article Audrey! La formation Divemaster est effectivement un peu plus ‘hard’ que beaucoup ne le pense… et surtout lorsque l’on vient du ‘système’ français. Toutes nos félicitations! On n’hésitera pas à te recommander si tu cherches un travail de guide! Just ask ;-) Bon voyage en Am Sud!
Merci Audrey, tu m’as donné envie de vivre la même expérience …quel est le nom de ton club de plongée à Sipadan ?
Bonjour Jérôme,
Le club avec lequel j’ai passé mon Divemaster est Sipadan online.
je n’en ai pas directement fait la promo dans cet article car si c’est un club sérieux et très bien organisé, avec de très bons instructeurs / divemasters, je considère que le matériel est trop vieux et devrait être renouvelé, ce qui est aussi important. je te laisse donc choisir ton centre de plongée en ayant cette information.
dans tous les cas bonnes plongées !