=> du 8 novembre au 25 novembre 2023
Après mes premiers coups de pédale en Tanzanie sur les îles de Zanzibar et de Pemba, j’ai rejoint le continent en bateau jusqu’à Tanga pour continuer ma route, direction le kilimandjaro puis les grands parcs nationaux du Tarangire, Ngorongoro et Serengeti. Ces deux semaines ont été riches en émotions, tant lorsque j’ai pédalé sur des pistes défoncées, que lorsque j’ai vu pour la première fois de ma vie les grands animaux sauvages d’Afrique que sont les lions, les girafes ou encore les éléphants.
De Tanga à Korogwe, ma première expérience des pistes africaines
En quittant la cité côtière de Tanga, j’avais préparé mon itinéraire en privilégiant les petites routes à la voie rapide. J’avais prévu une petite semaine de vélo pour rejoindre Arusha. Il n’y avait aucun hébergement référencé en ligne sur mon trajet, je m’étais donc mise en condition pour demander l’hospitalité dans les villages pour planter ma tente. Mais je ne m’étais pas du tout préparée à rouler sur de la piste défoncée !
Une quinzaine de kilomètres après la sortie de la ville, quelques instants après avoir croisé de gros babouins sur le bord de la route, mon GPS m’a indiqué que je devais faire demi-tour car j’avais raté la route à gauche. Surprise, j’ai suivi ses instructions, et quelques centaines de mètres en arrière, se trouvait en effet une intersection avec une piste. Je ne m’y attendais pas du tout. Après quelques instants d’hésitation, j’ai rapidement écarté l’autre option qui m’aurait fait faire demi-tour pour rejoindre la grande route et ses camions. J’ai commencé à pédaler sur la piste sous le regard étonné des gens que je croisais.
Au début c’était plutôt sympathique, même si ça secouait un peu. Il n’y avait presque aucun trafic à part quelques moto-taxis, les paysages étaient agréables et les villages traversés très jolis. Dans chaque village, les habitants me saluaient chaleureusement, et les enfants me lançaient des « Mzungu, Mzungu ! », ce qui peut se traduire par « Homme blanc », ou « occidental ».
C’est aussi au cours de cette premier journée au départ de Tanga que j’ai été interpelée par une femme assise à l’ombre d’un arbre avec d’autres femmes et une ribambelle d’enfants, me proposant de faire une pause et de partager de la papaye, ce que j’ai évidemment accepté avec joie.
En fin de journée, bien fatiguée, avec 70km dans les pattes, je me suis lancée, j’ai expliqué à une famille au bord de la route que je cherchais un endroit pour dormir. Cette dernière m’a indiqué qu’il y avait une guest house dans le village suivant, 5 kilomètres plus loin. Un peu déçue de ne pas avoir eu cette première expérience d’accueil dans un village, je n’étais finalement pas mécontente de pouvoir me reposer sans avoir à planter ma tente, ni tenter de communiquer sans langue commune. Car, si à Zanzibar et Pemba presque tous ceux que j’ai croisés parlaient anglais, ce n’était plus du tout le cas dans les petits villages que j’ai traversés.
Ma deuxième journée sur cet itinéraire était superbe et horrible à la fois. Sur mon GPS, au bout de 10km, la route passait de la couleur blanche à la couleur jaune, me laissant penser à une route de plus grande importance, donc probablement asphaltée comme l’étaient les routes « jaunes » de Zanzibar et Pemba. Mais au croisement, voyant que c’était toujours de la piste et que la qualité de celle-ci ne s’améliorait pas du tout j’ai un peu déchanté. J’ai tout de même roulé 60 km mais la piste était pleine de pierres qui dépassaient de la terre, rendant le pédalage vraiment difficile et m’imposant de rouler le plus souvent entre 6 et 10 km/h. Et même si les paysages étaient beaux, et les villages très typiques avec des maisons construites en terre et en bois, la difficulté de la route a pris le dessus sur le plaisir de découvrir ce nouvel environnement. En arrivant à ma destination, Lunguza, j’ai décidé de ne pas poursuivre sur cette route qui impliquait encore 3 jours dans ces mêmes conditions.
J’ai alors décidé de prendre un bus qui devait partir à 5h du matin pour rejoindre la route principale asphaltée. La forte pluie a empêché mon bus d’arriver et je me suis rabattue sur le seul autre bus qui quittait le village ce jour-là, mais qui partait en sens inverse vers Tanga ! Je suis donc descendue du bus une trentaine de kilomètres plus loin pour en prendre un autre dans une direction mieux appropriée, mais celui-ci n’a pas pu embarquer mon vélo. J’ai donc dû poursuivre mon itinéraire sur un moto-taxi avec mon vélo et tous mes bagages ! Au début j’étais un peu inquiète, mais finalement ça passait bien, et en terme de poids, on est loin des motos qui transportent parfois jusqu’à 4 personnes !
De Korogwe à Arusha : une grande route pas si terrible
Une fois arrivée sur cette grande route tant attendue, mais avec le sentiment d’être revenue sur mes pas, j’ai enfourché mon vélo en début d’après-midi pour avancer d’une quarantaine de kilomètres en savourant à sa juste valeur l’asphalte de qualité. Il m’a fallu 3 jours pour rejoindre Moshi. Les paysages étaient moins typiques mais beaux tout de même. J’ai découvert mes premiers baobabs, et pu observer de nombreux très jeunes ou moins jeunes bergers massaïs faisant paître leur troupeau au bord de la route. Et lorsqu’au sommet d’une côte, j’ai soudain vu émerger le sommet enneigé du Kilimandjaro, j’étais émerveillée.
Au cours du 3ème jour sur cette route, alors que je cherchais un endroit pour faire une pause, je me suis dirigée vers un immense marché installé au bord de la route. Après avoir regretté d’accepter de goûter quelque chose qui ressemblait à des abats frits, j’ai observé un mouton dépecé et étêté se balancer, pendu aux armatures du stands, et un homme un peu plus loin découper à la machette la tête en morceaux, je me suis vraiment demandé ce que j’avais bien pu avaler ! J’ai finalement commandé une banane frite qui passait beaucoup mieux !
Une fois rassasiée, je me suis dirigée un peu plus loin dans le marché, où des hommes, majoritairement, étaient regroupés avec leurs bêtes à la recherche d’un acheteur. On m’a proposé un bouc. Par curiosité j’ai demandé le prix, environ 120 €. Cette expérience m’a consolée d’avoir quitté la piste pour de la route, car je n’aurais jamais eu l’occasion de voir ce genre de grand marché régional sur les petites pistes que je parcourais.
Arrivée à Moshi, la plus grande ville de la région du Kilimandjaro, j’ai pris quelques jours de repos pour me remettre d’une petite infection intestinale. Il fallait bien que ça arrive après 3 semaines à manger essentiellement de la street food africaine ! Fort heureusement, je m’étais choisi un chouette hébergement, au calme, et avec une petite vue sur le kilimandjaro. Mais je n’ai pas vraiment profité des alentours. Pas question pour moi de tenter de gravir le plus haut sommet d’Afrique, je ne suis pas une bonne randonneuse et mes genoux ne me l’auraient pas pardonné. En revanche, j’ai un peu hésité à m’organiser un tour du Kilimandjaro à vélo. Cependant, en discutant avec un mécanicien dans un magasin de vélo, ce dernier m’a expliqué que les pistes étaient difficilement praticables lors de la saison des pluies et qu’il ne me recommandait pas de m’y aventurer.
De Moshi, j’ai donc rejoint Arusha en une longue journée de vélo. J’ai roulé en regardant à droite presque toute la journée, espérant que les nuages se dégagent pour me laisser entrevoir la montagne, mais celle-ci est malheureusement restée cachée toute la journée. Arusha, c’est la ville étape pour organiser des safaris dans les 3 principaux parcs du nord de la Tanzanie, le Tarangire, le Ngorongoro et le Serengeti. N’ayant pas anticipé, j’ai consacré une journée à rechercher un prestataire et à comparer des offres qui semblaient toutes très similaires, pour finalement fait confiance à la compagnie que m’avait recommandé une touriste dans mon hébergement à Moshi.
4 jours de safari incroyables
J’ai signé pour un safari de 4 jours : 2 jours dans le parc Serengeti, une journée dans le cratère du volcan Ngorongoro et pour finir, une journée dans le parc dans le parc du Tarangire. Je rêvais depuis longtemps de voir ces grands animaux sauvages d’Afrique : des éléphants, des girafes, des zèbres, des hippopotames et pourquoi pas même des lions. Et j’ai été servie !
En venant me chercher, le guide / chauffeur m’a indiqué que nous ne serions que 3 touristes, au moins pour les deux premiers jours. Quel luxe, avec Armelle et Noëllia, deux jeunes françaises, nous avons pu profiter d’un véhicule tout confort avec 6 places à l’arrière juste pour nous !
Parc du Serengeti
Dès l’entrée dans le parc, nous nous sommes exclamées en voyant le derrière d’un éléphant qui s’en allait dans la forêt. Après coup, nous rigolions de nous « être exclamées pour si peu » mais nous n’avions alors aucune idée de ce qui nous attendait. Le parc du Serengeti est celui qui m’a le plus comblée. Nous y avons notamment observé la migration des gnous, qui se déplacent par milliers, guidés par des zèbres. C’est vraiment impressionnant de voir autant d’animaux dans ces étendues immenses et de constater la symbiose avec les zèbres sans lesquels les gnous ne sauraient apparemment pas se diriger.
On observe aussi, autour de ces deux espèces, des gazelles et des antilopes et, moins nombreux mais également présents, des phacochères et des hyènes. Un peu plus loin dans l’immensité du parc du Serengeti, nous avons pu observer des lionnes et leurs lionceaux faisant la sieste à l’ombre d’un arbre. Je n’aurais jamais cru pouvoir observer la faune sauvage d’aussi près. Le toit du véhicule s’ouvrait pour nous permettre d’observer la faune confortablement, car il est évidemment interdit de sortir de la voiture. Les animaux, habitués aux voitures de safaris ne semblaient absolument pas gênés par notre présence.
Encore plus loin, ce sont les éléphants qui ont fait leur apparition, puis les girafes et nous avons même pu observer un léopard faisant la sieste allongé sur la branche d’un arbre et un guépard assis au milieu de la savane, probablement à l’affût de sa prochaine proie. Les hippopotames sont, eux, très faciles à trouver dans leurs points d’eau.
Nous avons dormi sous tente, dans un campement aménagé au cœur du parc. Je m’attendais à ce que celui-ci soit entouré de quelques barrières pour nous « protéger » des animaux, mais pas du tout ! Alors que la nuit tombait, nous avons ainsi pu observer des éléphants à tout juste quelques dizaines de mètres de nos installations. Le guide nous a rassuré en nous disant que les animaux savaient que « c’était le territoire de quelqu’un d’autre » et qu’ils n’empiétaient donc pas… en général ! En effet, il n’est pas rare que les éléphants viennent chercher de l’eau au niveau du coin vaisselle ! Pour ma part je n’ai pas entendu les lions rugir au début de la nuit, contrairement à d’autres touristes. J’ai, en revanche, entendu des bruits, plus tard dans la nuit, que je n’ai pas su identifier tout de suite. Mais j’ai vite compris ce que c’était lorsque j’ai vu les éléphants, qui à mon réveil n’étaient qu’à quelques pas de nos tentes !
Au petit matin, nous avons poursuivi le safari pour observer ces éléphants justement, notamment un grand groupe qui était tellement proche que notre véhicule s’est trouvé entouré de pachydermes lorsqu’ils ont décidé de traverser la route, c’était incroyable ! Nous avons aussi vu de nouveau des lions à plusieurs reprises, tout comme des girafes, ou encore des crocodiles qui se reposaient au soleil au bord de l’eau.
Parc du Ngorongoro
C’est avec un peu de regrets que nous avons quitté le parc du Serengeti pour rejoindre notre nouveau campement dans celui du Ngorongoro. Ici pas d’éléphant, mais un buffle et des zèbres autour des tentes !
Le lendemain, trois touristes allemands se sont joints à nous pour découvrir le cratère du Ngorongoro. Il y a une moins grande diversité d’animaux que dans le Serengeti, mais ce ne sont pas tous les mêmes. On peut y voir de nouveau des gnous et des zèbres, mais aussi des buffles, des flamands roses en très grand nombre dans le lac, quelques girafes et éléphants, mais aussi et surtout, des rhinocéros noirs, permettant de valider l’observation des « big five ». Les big five sont les 5 animaux sauvages les plus impressionnants et les plus dangereux qui peuvent être observés lors d’un safari : le lion, le léopard, l’éléphant, le buffle et le rhinocéros. Cela représentait le tableau de chasse le plus glorieux des chasseurs qui, avec les braconniers, ont fini par presque décimer les rhinocéros noirs. Mais heureusement ceux-ci ont été réintroduits dans le cratère du Ngorongoro et les rangers veillent désormais sur eux attentivement. Au-delà de la vie sauvage, le cratère du Ngorongoro est également réputé pour sa beauté. En effet, même si la météo n’était malheureusement pas au rendez-vous, les paysages sont splendides.
Parc du Tarangire
Après une nuit en lodge à l’extérieur des parcs, j’ai terminé mon safari par une journée dans le parc du Tarangire. Celui-ci est réputé notamment pour le nombre d’éléphants qui y vivent. De fait, nous avons pu les observer en groupes d’une dizaine voire d’une vingtaine d’individus tout au long de la journée. Cependant ce dernier parc, aux paysages très différents et beaucoup plus verts que les deux autres, abrite également des singes, des girafes, des lions, des suricates, des autruches… et des baobabs incroyables !
Quelle expérience merveilleuse que ce premier safari ! Maintenant que je me suis « habituée » à voir ces animaux, j’espère avoir l’occasion d’en croiser quelques-uns sur ma route dans la suite de mon périple. Il parait qu’il est fréquent de voir des éléphants traverser la route au Botswana. Je ne sais pas trop si je serai alors émerveillée ou terrorisée. Sûrement un peu des deux !
Merci Audrey pour le partage de cette si belle aventure … on en rêve et tu le fais pour nous !
Merci Patricia pour ton message !