=> du 22 octobre au 8 novembre 2023
Après 7 mois à pédaler à travers 16 pays européens, j’ai décidé de changer d’air et d’aller découvrir l’Afrique australe. J’ai donc pris un vol à Budapest en direction de Dar Es Salam en Tanzanie transitant brièvement par Dubaï. Je voulais du changement, je rêvais de dépaysement, de paysages grandioses et de vie sauvage. J’ai été rapidement servie !
Dar Es Salam : un premier aperçu de la Tanzanie
Arrivée à l’aéroport de Dar Es Salam, j’ai rapidement déballé la boite de mon vélo et remonté tranquillement celui-ci avant de prendre la route en direction de ma guest house. En suivant mon GPS pour quitter l’aéroport, j’ai été surprise par la manière dont il m’indiquait la sortie du rond-point, jusqu’à ce que je comprenne en voyant une file de voiture à l’arrêt, que je devais rouler à gauche ! Premier dépaysement, un peu délicat quand on arrive dans une ville qu’on ne connaît pas et que la nuit s’apprête à tomber. Mais sur la route, je n’ai cessé de recevoir des mots de bienvenue de la part des piétons et cyclistes que je croisais, surpris de voir une voyageuse occidentale, seule et à vélo sur cette route ! J’ai vite compris que je ne passerai plus inaperçue. Moi qui me lamentais de la froideur des gens en Europe du nord, ici, c’est fini !
Je n’ai passé que 2 jours à Dar Es Salam, le temps d’affiner les réglages de Yolo, de changer son rétroviseur de côté et de m’acheter un billet de ferry pour Zanzibar. Le temps de me mettre dans l’ambiance aussi. Je me suis rapidement adaptée à la conduite totalement anarchique de tous les usagers de la route en imitant les locaux. J’ai goûté la street food et affronté les rabatteurs devant le guichet des ferrys sans me démonter. Ma guest house était un peu excentrée, dans une rue qui correspondait tout à fait à l’image que je me faisais d’une petite bourgade africaine et j’en étais ravie !
Une semaine de repos à Zanzibar, ou presque !
Cela faisait des années que je rêvais de découvrir Zanzibar et notamment ses fonds sous-marins. J’avais donc décidé de m’accorder une petite semaine de break sur l’île pour me la couler douce avant de débuter « vraiment » mon voyage à vélo en Tanzanie.
Arrivée à Stone Town, j’ai découvert la ville en déambulant à pied à travers ses ruelles étroites et tellement biscornues que je n’ai jamais été capable de m’y repérer et de retrouver mon hébergement sans l’aide de mon smartphone ! Le quartier historique de la capitale de Zanzibar a un cachet indéniable grâce à ses diverses influences africaines, arabes, indiennes et européennes. On peut y admirer aussi bien des bâtiments de style colonial, des demeures en pierre de corail, d’où est tiré le nom de la ville Stone town, ou encore des bains perses édifiés par des sultans au 19ème siècle. Malheureusement de nombreux bâtiments sont en mauvais état et mériteraient une rénovation. Il y a aussi nombre de mosquées et de madrassa d’où on peut entendre les jeunes enfants réciter les versets du coran. Je n’ai pas manqué non plus de faire un tour dans différents marchés de la ville, dont le marché aux épices.
J’ai ensuite repris la route avec grand plaisir, car depuis mon arrivée à Budapest, mis à part quelques kilomètres pour me déplacer dans Dar Es Salam, cela faisait plus d’une semaine que je n’avais plus roulé. Je me suis dirigée vers le sud de l’île, réputé moins touristique. Une quinzaine de kilomètres après la sortie de la ville, j’ai vu s’afficher 10 000 km sur mon compteur. 10 000 km en 7 mois sur les routes d’Europe et de manière tout à fait marginale d’Afrique, j’en suis assez fière ! Mais ce n’est que le début, m’attendent désormais quelques milliers de kilomètres en Afrique australe, puis, je l’espère, en Asie Centrale.
J’ai donc roulé une bonne soixantaine de kilomètres jusqu’à Kizimkazi, au sud-ouest de l’île. Je pensais Zanzibar hyper touristique et donc peu typique, mais je me suis trompée. En dehors des quelques sites très touristiques que sont Stone town, Paje ou Nungwi, je croise tout au long de ma route de nombreux petits villages dont les habitants construisent leurs très jolies cases en bois et terre séchée. Toute la journée les gens, dont les enfants plus particulièrement, continuent de me saluer chaleureusement. Je suis déjà dans le bain !
A kizimkazi, je me suis installée dans un petit hostel très sympa à courte de distance de la plage et avec une piscine pour fêter mes 10 000 km. Ça changeait de mes bivouacs automnaux ! Le lendemain, je suis allée plonger avec le club local mais j’ai été un peu déçue. Je ne veux pas écrire ici que les plongées n’étaient pas belles car il y a quelques années j’en aurais été pleinement satisfaite. Mais après plus de 5 ans à plonger avec les requins dans l’Océan Pacifique, je suis devenue une plongeuse exigeante. J’aime le « gros », le pélagique, les requins, les raies mantas, les thons… et Zanzibar est plutôt réputé pour ses jardins de coraux colorés et poissonneux. C’était donc une chouette journée, mais l’envie de reprendre la route pour découvrir le reste de l’île était plus forte que l’envie de me la couler douce au bord de la piscine.
J’ai donc repris la route en direction du sud-est de Zanzibar, vers Jambiani, village un peu moins touristique que son voisin Paje, mais tout de même assez développé.La plage est magnifique, mais le tourisme a transformé le village. je ne m’y suis pas attardée, toujours curieuse de découvrir la suite.
Depuis Jambiani, j’ai roulé jusqu’à Matemwe, au nord-est de Zanzibar où j’ai trouvé un petit bungalow au bord de l’eau. Le matin, j’ai pu observer le ballet des petits garçons qui jouaient au foot tandis que leurs sœurs ramassaient des algues sur la plage et leurs pères attendaient les quelques clients souhaitant aller nager sur l’île d’en face. Mais le mois d’octobre est la basse saison touristique et ces derniers ne sont pas très nombreux.
Sur la route j’ai pu observer et sentir les clous de girofles qui séchaient au soleil sur la bande d’arrêt d’urgence. Quand ils sont verts ils ne sentent rien, mais une fois brunis au soleil, leur odeur est incroyable !
De Matemwe, j’ai continué ma route vers Nungwi. J’aurais volontiers roulé encore un peu plus pour éviter cette station balnéaire à laquelle je n’ai trouvé aucun charme, mais je n’ai pas trouvé d’hébergement à distance raisonnable. Même les chantiers navals de fabrication artisanale de boutres, bateau typique de la région, ne m’ont pas emballée.
Il était temps que je termine ma boucle en regagnant Stone town pour y prendre un bateau vers une autre île, Pemba. Les routes principales de Zanzibar sont toutes goudronnées, relativement plates, le trafic y est très raisonnable donc les journées sont très agréables. Mais il fait assez chaud et il n’est malheureusement pas toujours aisé de trouver un endroit à l’ombre pour s’asseoir et faire une pause.
Pemba : une semaine de pluie quasi non-stop
J’avais réservé mon billet de ferry pour un départ au petit matin, directement de Zanzibar vers Pemba, sa petite sœur un peu plus au nord. Je pensais que c’était un ferry rapide comme celui que j’avais pris pour venir à Zanzibar. Je suis arrivée une heure avant l’heure de départ, ayant constaté sur mon précédent trajet que les tanzaniens étaient très en avance. Je pensais en profiter pour me prendre un petit déjeuner à bord. Mais quelle surprise lorsque j’ai vu le bateau de type roulier, servant à la fois au fret, aux véhicules et aux passagers, qui était déjà au port et le capharnaüm ambiant. Des véhicules et des gens montaient dans le bateau alors que tout n’avait pas encore été débarqué. Un homme m’a pris mon vélo un peu d’autorité, en m’expliquant qu’il allait me le ranger dans le bateau. Je ne saurai jamais s’il travaillait vraiment pour la société de transport ou pas. Il m’a demandé un pourboire un peu salé mais je dois admettre que cela m’a bien aidé car il fallait forcer le passage, ce que je n’aurais peut-être pas osé faire. Lorsque j’ai constaté qu’il n’y avait aucune place assise de disponible et qu’il me faudrait passer 5 heures en mer assise par terre dehors potentiellement sous la pluie, ou à l’intérieur dans une chaleur étouffante, j’ai été d’autant plus contente qu’il m’aide à payer le supplément pour avoir une place assise dans la salle VIP avec la climatisation. Ce n’était pas du luxe car, sensible au mal de mer, j’aurais vraiment mal vécu ce trajet sans cela.
À l’arrivée à Pemba, c’était le même bazar pour réussir à faire sortir les gens du bateau en même temps que les véhicules et le fret. Et cette cohue s’est poursuivi à la sortie du port avec une bonne partie des véhicules collectifs (dala dala) de l’île qui étaient sur place pour permettre aux passagers de terminer leur voyage, mais sans aucune coordination ni règles de bon sens créant un embouteillage incroyable pour un si petit village. Après avoir montré le tampon de mon visa tanzanien (je n’ai toujours pas compris pourquoi vu que j’étais déjà sur le territoire) et celui du vaccin contre la fièvre jaune (que j’avais déjà montré à l’aéroport de Dar Es Salam et en arrivant à Zanzibar) j’ai pu enfin sortir de cette cohue et rejoindre ma guest house qui ne se trouvait qu’à quelques centaines de mètres du port de Mkoani, face à la baie.
Le tour du village de Mkoani étant fait très rapidement, toujours avide de découverte, j’ai pris la route le lendemain en direction du nord de l’île. Changement de décor, l’île de Pemba est bien plus vallonnée que celle de Zanzibar et les 65 km pour rejoindre la ville de Wete m’ont semblé bien difficiles. Mais comme souvent quand c’est vallonné, c’est beau. La végétation est luxuriante et les petits villages au bord de la route sont très mignons. Je me suis arrêtée régulièrement pour faire une pause et acheter un beignet ou un morceau de pastèque aux stands qui bordent la route. Les gens à qui j’expliquais mon itinéraire me prenaient pour une folle. Il faut dire que sur Pemba, comme partout en Tanzanie, la quasi-totalité des vélos sont des vélos de ville à une seule vitesse donc les gens ne peuvent pas monter les côtes et sont contraints de pousser leur vélo à chaque montée, ce qui n’est pas mon cas, fort heureusement.
De Wete, j’ai ensuite rejoint Makangale, à la pointe nord de l’île de Pemba. J’avais repéré une toute petite guest house avec deux bungalows face à la mer ou je pensais passer quelques jours. L’endroit est effectivement chouette, mais un peu isolé et la météo ne se prêtait pas vraiment à la farniente sur la plage. Après deux jours à pédaler sous la pluie et une journée de repos à Makangale, alors que mon linge refusait de sécher et que je n’avais aucune connexion internet pour exploiter ce temps d’enfermement contraint, je me suis finalement décidée à rejoindre Mkoani en dala dala.
La météo ne s’annonçait pas meilleure, mais je savais que ce serait plus confortable. Et comme j’avais acheté un billet de bateau pour rejoindre le continent 4 jours plus tard, autant en profiter pour rattraper mon retard sur mon blog. Ce que j’ai fait lorsque les enfants du village me laissaient me concentrer. Pourtant habitués à voir des étrangers, qu’on appelle ici « Mzungu », ils semblent ne jamais se lasser de les côtoyer et de s’amuser avec eux. Je me suis volontiers prêtée au jeu, prenant en photo les petites filles qui posaient comme les starlettes des réseaux sociaux.
Je n’aurai donc pas vraiment profité de Pemba, ni de ses plages ou de ses forêts, mais j’y aurai pris le repos que j’avais prévu de prendre à Zanzibar !
Coucou Audrey, merci pour ces récits fascinants. C’est passionnant de te suivre ainsi. Bonne route. Je t’embrasse, Eric
Bonjour Eric, merci pour ton message. Je t’embrasse en retour !